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Je restais un moment à l’entrée de la tente à regarder cet homme que je n’arrivais pas à replacer. Une connaissance ? Un ami ? De la famille ? Aucune idée. D’ailleurs, je n’avais aucun souvenir d’une dite famille. Plissant les yeux, je creusais un peu plus la question. Au bout de quelques secondes, je me rendis compte d’une chose : je ne me rappelais de rien. Bien sûr, le chant des oiseaux, bien se comporter à table et toutes ces choses acquises et bien enfouies dans ma tête, ça n’avait pas bougé. Mais des souvenirs personnels, j’étais incapable de m’en rappeler.
Je passai les quelques heures qui restait de soleil à rester dans mon coin, sur un rocher, à l’écart de cet homme et des voisins que je voyais de temps en temps, autour de leur feu. J’étais perdue, au propre comme au figuré. Je n’avais rien dit et avais quitté la tente en dévisageant cette tête cuivrée sans me laisser le temps de me demander s’il allait me faire du mal. Bizarrement, il n’avait pas cherché à me suivre ni à me parler. Lorsque ma tête eut fini de jouer du tambour, et que j’avais passé la phase « panique » sur moi-même, je consentis à revenir vers la tente bleue. Il était là, et se leva quand il me vit arriver.
- Ça va mieux ?Bon, déjà, il n’avait pas l’air de vouloir me bouffer. Je me frottai le front.
- J’ai encore un peu mal de partout, mais ça va passer j’imagine…
- Oui, il faut te donner deux trois jour et ça va aller. Je m’appelle Lincoln, et toi ?
J’ouvris la bouche sans émettre un son. Mon prénom ? … Clarisse ? Kathy ? Annabelle ? Je cherchais de longues secondes au fond de ma mémoire.
- Lexa… Lexa, je crois.Il hocha la tête.
- Okay, Lexa. C’est joli.
Je souris légèrement, chose que je n’aurais pas cru possible il y avait encore quelques heures. Finalement, je pris une inspiration et indiquai le campement.
- Alors… C’est quoi tout ça ?
- Cet endroit ?
- Ben cet endroit, ces gens, pourquoi je me souviens de rien, et tout quoi… enfin prends-le pas mal hein mais je crois pas te connaître. Mais me souvenir de rien me rend dingue.- C’est le cas pour nous tous, ici.
- Comment ça ?
- T’es pas la seule à t’être réveillée dans une tente en ayant mal partout et sans te souvenir de rien. Pour nous huit, ça a été pareil.
- Sérieusement ?
- Oui. Les premiers arrivés ont quelques semaines déjà. Anya et Finn se sont réveillés dans la tente Beta d’abord, puis ils ont accueilli Savannah dans la Gamma, puis ça a été moi ici, dans l’Alpha. Ensuite Ezra a débarqué dans la Delta, Sully a rejoint Savannah, Octavia a rejoint Ezra et tu es arrivée hier. Personne ne se souvient de quoi que ce soit. On ne sait pas pourquoi on est ici, pourquoi à part nous, il n’y a personne dans ce désert. Alors comme on n’a aucune indication et qu’il serait bête de se tuer à voir s’il y a autre chose derrière le désert (crois-moi on a essayé, il est grand…), ben on en est venus à la conclusion qu’il nous fallait nous débrouiller ici, avec ces campements.
- Mais… on nous aurait amenés ici ? Qui ? Et pourquoi ?!
- On n’en sait rien…
- Mais c’est insensé !Il acquiesça de nouveau, et je me pris la tête dans les mains en plissant le front. Mais qu’est-ce qu’il se passait vraiment ? Je devais rêver, c’était pas possible autrement. Je soupirai et baillai ; Lincoln m’invita à aller dormir un peu. Je le vis entrer dans la tente et me rendis compte que c’était ainsi : deux par deux, nous avions un campement apparemment attitré, et je devais aller dormir avec un inconnu.
Je passai la nuit à rêver de trottinette à rubans roses, de balançoires et de rires. Si la sensation était plaisante, c’en était une toute autre qui me ramena à la réalité lorsque je m’éveillai. Mais cette fois, mes membres ne me faisaient plus tant souffrir. Je regardais à côté de moi, Lincoln n’était déjà plus là. Je ne savais pas vraiment s’il y avait grand-chose à faire dans les parages mais j’imaginais qu’il fallait bien trouver comment alimenter le camp. Je sortis de la tente avec cette fois un objectif : me changer les idées, et comprendre un peu plus ce qu’il se passait ici. Je sortis donc et repérai un établi sur le terrain. Ah oui… vu le peu dont on disposait, j’osais espérer qu’on pouvait au moins fabriquer des bricoles qui nous serviraient. Je vis un tas de bois dans un coin, disposé contre quelques rochers. Certainement un arbre coupé par Lincoln. Alors je m’essayais à la chose. Mais j’vous avoue, j’avais aucune idée de quoi faire avec ça. Et puis je m’sentais observée, ça n’aidait pas.
Je me retournai pour apercevoir une demoiselle qui finit par s’éloigner. Alors je me suis dit que j’avais rien à perdre, et je lui ai couru après.
- Hé, s’il te plait !- Ah, salut.
- Salut ! J’imagine que tu es l’une des personnes d’un autre camp ?
- Tout à fait ! Appelle-moi Octavia.
- Okay, Octavia c’est toi. Il va me falloir de quoi noter, je sens.- Excuse-moi mais, j’ai pas pu m’empêcher de remarquer ta coiffure… c’est normal qu’on ait la même ?
- Ah oui, c’est moi qui te l’ai faite pendant que tu comatais. Désolée si je l’ai fait sans te demander, mais je m’ennuyais et tu étais dans un sale état…
- Non non y’a pas de problème, je me demandais simplement.- Et donc… tu es la dernière arrivée avant moi, Lincoln m’a dit ?
- C’est ça. Ça doit faire quatre jours maintenant. Tu verras, les maux de tête finissent par partir.
- Tu me rassures…- Bon ben… j’ai été ravie de te rencontrer. On se recroisera rapidement !
- Oui, j’imagine. A plus tard alors.
Et elle était partie. C’est à ce moment que je me rendis compte à quel point l’ennui allait vite arriver. Enfin, ce sera à voir après avoir fait le tour du proprio, les voisins de camps avaient l’air de souvent vagabonder. Certainement pour arriver à vivre de tout ça…
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Tout était noir. Est-ce que ça l'était réellement, je n'en savais rien. Ça pouvait tout aussi bien être mes paupières, très lourdes, qui m'interdisaient de voir la lumière. J'essayais de bouger mais rien ne répondait. Alors petit à petit, je tentai de retrouver mes esprits. Je ne sais pas combien de temps s'était écoulé avant que je parvienne à sentir mon genou tressaillir. Mon corps finit par se réveiller entièrement. Je sentais que j'avais une bouche pâteuse, un mal de crâne énorme et surtout, que mon dos souffrait comme s'il avait été brûlé. Avec un grognement difficilement retenu, je parvins à me redresser en position assise et monter mes mains à mon visage pour soutenir ma tête. Et, finalement, j'ouvris mes yeux. Il n'y avait pas tant de lumière qu'espéré. Je me laissai le temps de m'habituer à l'obscurité avant de tourner le cou. Je me trouvais dans une espèce de petite pièce qui contenait quelques couchages et piles de vêtements parsemées aux quatre coins de l'endroit. Une fente apparut dans l'un des murs, comme si une porte s'y dessinait. Plissant les yeux, je réalisais que ce n'était pas une pièce à proprement parler mais certainement une sorte de tente. Je suivis la lumière à quatre pattes, grimaçant sous la douleur de mes membres restés engourdis trop longtemps. Je parvins à pousser le pan de tissu pour découvrir du sable et des rochers, à perte de vue. Où diable étais-je ? Et surtout, qui était cet homme qui me dévisageait ?
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Je vous présente les duos qui peuplent mes quatre campings, dans l'ordre les Alphas (Lexa et Lincoln), les Betas (Anya et Finn), les Gammas (Savannah et Ezra) et les Deltas (Octavia et Sully) !
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Après la naissance des jumeaux, et comme les cris étaient multipliés par deux, je me suis dit qu’il valait mieux que je trouve une combine pour les endormir en même temps, une chanson ou un truc…
Mais en fait nan, ils me tapaient juste sur les nerfs.
Puis alors pour arranger un peu le tout, Pontos nous offrait la vue de son merveilleux sens de la mode. Non pas que j’étais une dingue de tout ce qui était fashion, mais… quelle magnifique association de couleurs.
Bref, j’ai pris une bonne nuit de sommeil après ça. Et comme j’avais enfin éjecté les jumeaux, j’suis repassée à l’attaque en appelant un autre des voisins.
Héhéhé. Les jolis sourires ça marche toujours aussi bien.
Donc ça, c’était fait. J’ai commencé à m’occuper du jardin de maman parce qu’elle était bien capable de revenir nous hanter rien que pour râler à propos des mauvaises herbes… puis bon, les fruits et les légumes, ça pouvait nous être utile quand même. Et là, j’ai eu une vision d’horreur : Héméra, sœur aînée réputée pour avoir été un canon de beauté, toute grise et coulante, croisant Artémis, frère à la sexualité douteuse portant un truc… relativement indescriptible. J’en frissonne encore, et je vous mens pas.
J’me suis vite réfugiée à la maison, où Arès fêtait sa réussite scolaire.
Un peu déçu par le manque de muscles, le petit.
Ah, peut-être qu’il rêvait de sa future salle de sport personnelle… m’enfin, il a vite dégagé de la maison, quoi.
Et puis un soir, on a eu droit au retour de maman, en chair et en os en transparence et en lévitation ! Maman qui avait l’air d’excellente humeur, soit dit en passant.
Alors est-ce que c’était parce que les jumeaux braillaient trop ou parce que Jules ne savait pas les calmer… allez savoir.
- Alooors ça avance bien à ce que je vois ?
- Salut m’man ! Plutôt pas mal ouais, du moins je pense…
- Trois gosses, c’est ça ? Et un autre en route ?
- Depuis peu oui !
- Booon ! J’crois qu’on s’est jamais aussi bien entendues que depuis que j’suis morte !
- En même temps tu viens d’arriver, et t’es contente de voir que j’assure, c’pas bien compliqué.
- Non mais hé, gâche pas tout, tu veux.- T’as croisé Jules nan ?
- Ouais. Je l’aime pas, il est cruchon.
- Cruchon… pourquoi pas.Et comme si la présence de maman était un signe, j’ai pu tester ce qu’elle a connu, à savoir les gosses pots de colle, même si Pontos n’était pas vraiment à moi. Ah, quelle belle vie.
Les jumeaux ont fini par sortir de leur berceau… Et de un.
Et de deux. A croire que mes filles étaient vouées à être rondes.
Bon, ronde ou pas, Séléné avait un souci avec la propreté. Elle tirait la tronche tout le temps et lavait les assiettes de la maison à la seconde même où on avait fini de manger ce qu’il y avait dedans. Bizarrement, elle me rappelait quelqu’un.
Comme maman était clamsée et que y’avait plus de risque qu’elle s’écroule pendant mon absence, j’ai décidé d’aller analyser un peu l’arbre d’Aphrodite de nouveau. Je l’ai tellement bichonné qu’il m’a ouvert son toboggan…
Sauf que je m’attendais pas à ce que ce soit si… rose.
Du coup, comme ça me pétait légèrement la rétine et me retournait l’estomac, j’ai juste tenté de pécher un peu, histoire de… mais j’ai juste réussi à choper un vairon, comme on en avait derrière la maison. Surtout qu’il était rose translucide, alors j’ai dit non, je rentre.
Et j’ai bien fait, parce que les contractions n’ont pas tardé.
Pouf, une petite Mnémosyne ! Bon, j’en étais à quatre, et c’était bien joli, mais ça commençait à devenir un poil lassant.
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Comme maman m’avait expliqué que ça servait à rien que je cherche du boulot vu tous les bébés que j’devais faire, je continuais d’écrire pour avoir un minimum de revenu, sinon j’étais bonne pour vivre à la rue avec ma future ribambelle de gosses. Je passais donc beaucoup de temps devant l’ordinateur à écrire puis à envoyer mes scripts à mon éditeur. En sous-vêtements, oui oui.
- Bon, faut que j’te parle de mon super bouquin.
- C’est sérieux m’man ou tu veux juste m’emmerder pendant que j’bosse ?
- Non mais tu vas péter un coup oui ! Enfin non, attends que j’quitte la pièce, mais calme toi quoi.
- Bref, et donc c’est quoi ton livre ?
- C’est le bouquin d’Aphrodite-la-grognasse-pas-belle.
- Mais encore ?
- Je l’ai trouvé en pêchant dans sa clairière, tu sais cachée dans son arbre chelou.
- … Et ?
- Ben il fait de la magie.
- Sérieusement ?
- Ouais, j’ai pu trouver un sort pour avoir plus de gosses d’un coup. Bon, ça a fait effet que deux fois mais si t’arrives à mieux gérer le truc que moi…
- Ah cool, c’est pas mal ça !
- Pas si folle, la guêpe ! Enfin bon, du coup j’t’en fais cadeau, autant que t’en fasses bon usage.
- Merci m’man !
- Par contre faut que j’te prévienne, mets-le en sécurité… tu sais pas les blagues que m’ont fait tes frères et sœurs quand ils l’ont trouvé.
- Genre ?
- Ben j’me suis mise à parler aux plantes, par exemple…
- Ah ouais… fun.
- Voilà.Comme c’était le dernier tuyau concret qu’elle pouvait me donner, d’après elle (en plus des plantes qu’elle avait ramenées de Granite Falls et de ses bouquins d’herboristerie), elle a estimé que son travail était terminé et qu’elle pouvait se prélasser en attendant la Dame en Noir.
Et puis j’ai eu la visite d’Arès dans le bureau, qui faisait une tête… de trois pieds de long.
- Un sushi le morpion ?- Pourquoi t’es toute ronde et que t’es toujours presque à poil ?
- Déjà j’suis enceinte, et ensuite c’est parce que je sors pas et que j’me sens plus à l’aise comme ça. Mieux ?
- Hm hm… c’est chelou quand même.Persès a fini sa scolarité, du coup il a soufflé…
… et il a dû lâcher un truc pas net dans le processus, vu la tronche d’Hypnos à l’arrière.
En tous cas, ça allait faire de la place dans la maison qui se vidait petit à petit pour que j’puisse faire des gosses. Bon, sauf que Persès est pas parti immédiatement, il a voulu rester pour l’anniversaire d’Arès d’abord.
Un p’tit coup de crécelle et c’était torché. Encore un qui f’sait la tronche, mais qu’était pas dégueu. C’te famille de beaux gosses !
Et puis un jour, j’ai foutu le dawa dans la maison. La flotte, les cris, tout quoi.
Pour une première expérience, j’pouvais confirmer que c’était pas la joie, ça f’sait trop mal. Mais maman m’avait prévenue, avec tous les mioches que j’devais pondre, autant pas s’encombrer d’aller à l’hôpital à tous les coups. Du coup j’ai fait ça à la maison à l’ancienne, et j’ai eu une petite Ananké !
Et un premier bébé ! J’ai pas perdu de temps, et j’ai appelé un des voisins pour enchaîner sur le deuxième.
Emballé, c’est pesé !
Bon, fallait pas croire, être en cloque c’était pas totalement la joie. Par exemple, j’avais tellement les crocs à longtemps de temps que je décollais même plus du frigo pour manger. J’avais mon plat, et je l’engloutissais. Pis fallait surveiller qui v’nait piquer la bouffe, aussi.
Puis ce fut au tour de maman de venir m’emmerder à propos de ma tenue. Comme quoi je m’exhibais trop, toussa. J’ui ai ri à la tronche avant de la remballer, parce que franchement, avec ses robes, elle pouvait parler.
Et comme mes humeurs n’allaient pas en s’arrangeant, j’en ai eu marre de mes ch’veux qui tombaient d’vant ma tronche. Du coup j’ai tout remonté, et ça allait mieux.
- Bon les cocos, ça y est c’est l’heure !
- Alors, on s’installe…
- Mamaaaaaaan !
- Oh tu vas pas t’mettre à chialer maintenant toi, hein !- Bah c’est triste quand même… t’es en train d’mourir quoi…
- Oui bah j’l’ai pas volé ! J’ai tellement vécu que les premiers frères et sœurs que t’as eu et pas connus sont morts avant moi.
- Sérieux ?!
- Ben ouais ! Alors laisse-moi clamser, veux-tu. Pis c’est pas comme si on n’allait pas s’revoir.- Alors aloooors, Héra Halliwell… ça en fait une vie bien remplie !
- J’suis au courant ouais… vous m’emmenez ou bien ?
- Ils sont rarement si pressés les vioques, d’ordinaire.
- Ouais ben vous irez en toucher deux mots à la grognasse pour comprendre !
- Je note, je note…- Attendez, j’peux pas partir dans cet accoutrement !
- C’est trop tard, là…
- Bon ben si c’est comme ça, moi j’vais pisser.Pendant que j’suis allée pleurer un p’tit coup aux chiottes, la Dadame est allée changer la couche d’Ananké, je l’ai entendue à travers le mur. Y’avait pas plus creepy comme nounou, mais au moins elle m’a été utile.
J’ai l’installé l’urne de maman sur mon bureau pour l’avoir toujours avec moi, et la vie a repris son cours. Je grossissais à vue d’œil, et on a fêté les anniversaires des garçons. D’abord Hypnos…
Et puis Pontos, qui entrait enfin au lycée (il était temps, vu la petitesse du machin, on l’voyait pas derrière ses bougies).
Ah voilà, c’était déjà mieux. Pas du côté d’Hypnos par contre, qui devait réellement avoir un problème nasal. Il s’est refait une beauté avant de se barrer de la maison, d’ailleurs.
Et comme on était bien lancés, Ananké a fini par sortir de son berceau…
… et j’ai eu des contractions, direction la chambre !
Je ne savais si c’était juste un coup d’bol ou si j’avais mieux réussi le sortilège de fertilité que maman, mais j’ai eu des jumeaux ! Un blanc, un vert, un garçon, une fille. Pallas et Séléné !
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Et le récap des enfants d'Héra :
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