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Chapitre 12 - les bleus
Papa et maman me manquaient beaucoup, mais avec le temps j’avais réussi à retrouver pleinement le sourire. La vie continuait comme on disait, et puis les blessures laissaient place aux petits bonheurs du quotidien. Pour le moment, le couple Lona/Joaquin s’entendait bien avec nous, et on n’avait pas grande raison de les virer de la maison tant elle était grande. Et puis le beau-frère était cool, il répétait même ses spectacles dans le jardin, c’était sympa à voir, il était doué le bougre.
Et puis mon petit Toruk est sorti du berceau. Il est pas tout choupinou ?
Il s’est tout de suite bien entendu avec son père. Quand je vous disais que les plaisir de la vie étaient simples.
D’ailleurs, la famille s’agrandissait ! Vous vous rappelez quand j’ai proposé à Marc de remettre le couvert et qu’il était particulièrement emballé ? Ben voilà !
Le problème… c’est que si nous avons bien eu une jolie petite fille nommée Lenay’ga, elle n’était pas… comment dire, comme nous. Si l’envie de maman avait été de faire plein de bébés bleus pour faire perdurer les Na’vis, y’avait erreur sur la génétique là, j’avais l’impression. Ma fille était bien bleue mais ce n’était pas le même bleu que moi. Et Marc était un humain, tout ce qu’il y avait de normal. Où est-ce que ça avait coincé… ?
Grace, du haut de sa grande carrière de scientifique dont elle avait rêvé depuis toujours, a appris la nouvelle et me parla d’une race alien qui commençait à se fondre dans la population. Il y avait donc d’autres êtres vivants, dans l’immensité de l’espace ? Ça m’avait rendue tellement curieuse qu’elle m’a filé un truc de son job qui permettait d’essayer d’établir le contact sur Sixam… du coup j’me suis mise à le bidouiller.
Je savais pas vraiment si ça marchait, mais j’y mettais tout mon cœur, c’était certain.
Et puis j’ai fini par entendre une voix. Sauf que ça sonnait tellement bizarrement que j’ai mis un temps avant de comprendre que ça parlait ma langue.
J’étais pas certaine d’avoir compris ce qu’on m’disait qu’un alien débarquait déjà dans mon jardin.
Vu la tronche, j’ai cru que j’allais me faire bouffer, au début. Et puis finalement la dame violette s’est avérée être super joyeuse. Bon, c’était déjà ça !
Je lui ai demandé si elle venait vraiment de tout là-haut, parce que ça me paraissait tellement fou c’te machine !
- Ben oui, Sixam c’est une autre planète, faut bien qu’ça vienne d’en haut !
- Sans rire ! Quand j’vais apprendre à maman qu’on n’est pas les seuls extra-terrestres…Ça m’a fait tellement plaisir qu’on est restées là un bon moment à papoter, en fait. Elle m’a appris que j’pouvais visiter sa planète mais qu’il me fallait une fusée, pour ça. Du coup j’ai mis ça sur un post-it et j’me suis dit que j’allais en acheter une le lendemain.
Elle était tellement gentille qu’elle s’est occupée de Lena pendant que je tombais de fatigue. C’est cool, les aliens.
Et quand Marc est rentré du boulot, il m’a joliment réveillée. On était repartis pour un tour !
C’est vrai qu’on avait déjà une fille bleue, mais comme c’était pas MON bleu, je savais pas vraiment si ça comptait. Et comme maman se pointait pas, je pouvais pas lui demander. Alors en attendant, j’avais bien envie d’un troisième enfant. Et Marc aussi, alors c’était tout bénef. C’est toute guillerette que j’ai donc acheté ma fusée et que j’ai commencé à bosser dessus.
Un beau jour, Lona a débarqué en plein milieu de journée parce qu’apparemment, elle avait perdu les eaux au boulot, alors ils l’avaient renvoyée à la maison pour avoir un bébé. Bon, c’est pas que y’avait un hôpital en ville maintenant, mais on était dans le genre conservateurs dans la famille.
Trente-six contractions plus tard, elle a mis au monde une jolie Aquata !
Et comme sa nouvelle petite famille commençait à prendre de la place, ils ont décidé de se prendre une petite maison en ville pour qu’on ait chacun notre espace (et que ce soit plus sain, accessoirement…). Du coup, j’en ai profité pour avoir des nouvelles de Yerik qui avait foutu le camp sitôt qu’il avait fêté son passage à l’âge adulte. Tenez-vous bien ! Il est installé dans une maison voisine de celle d’Eytukan et de Lona, s’est trouvé une meuf (qu’il s’est bien gardé de nous présenter parce qu’elle était plus âgée et qu’il croyait qu’on n’approuverait pas) et vient d’avoir des jumelles ! Isabelle et Lola. Par contre y’avait vraiment un problème, parce qu’elles sont bleues comme Lena et pas comme Yerik et moi, et qu’elles ont la même combi chelou.
Remis de nos émotions, Lena a grandi quelques temps plus tard pour devenir une jolie jeune fille. Ouais, elle avait pas mon bleu mais elle était belle, c’était quand même le plus important.
En tous cas, elle s’entendait bien avec son frère. Côté caractère c’était pas le même genre par contre, elle était plus du genre sérieuse et délicate, mais au moins ils se complétaient.
Elle faisait même ses devoirs en début de week-end pour être sûre qu’ils soient faits. Si c’était pas studieux, tout ça ! Elle voulait suivre Toruk à la rivière pour pécher avec lui mais ça la dégoûtait tellement qu’elle le regardait faire, surtout. Du coup, au fil des week-ends elle passait plus de temps sur ses devoirs que sur autre chose, c’était sa définition de s’amuser, je crois.
Comme ça me rajeunissait pas, j’avais décidé de changer un peu ma garde-robe pour marquer le coup. Et puis je m’améliorais en cuisine quand je bossais pas sur la fusée, parce que c’était fun et que je savais que ça rendrait fier papa.
En parlant de celui-là, il est venu faire coucou un soir. J’ai pu lui parler du couleur de peau qui buguait, et du fait que maman devait se bouger le fion pour me dire si ça comptait ou pas. Mais apparemment elle était assez occupée à chercher dans tous les recoins du paradis si y’avait pas d’autres Na’vis…
Et puis pouf, j’ai recommencé à faire le petit chien. Et Marc, il est jamais là quand j’accouche ! Non mais franchement.
… J’ai donc eu une nouvelle fille avec le pack complet made in bizarrerie. Bleu chelou, combi chelou, j’ai pas compris…
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