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Chapitre 10 - les bleus
Honnêtement, je ne savais pas quoi penser. Peut-être que j’avais mal entendu ? Ou j’étais juste… incroyablement naïve ? Les sourires crispés que nous avons affichés ensuite en disaient long.
En fait, je ne savais même plus comment le regarder.
Et quand je me suis écroulée de fatigue, je n’ai pas eu la force de le repousser de mon lit.
Le lendemain, je me suis décidée à lui parler. Mais la chose n’était pas si facile quand je le regardais danser ainsi… il avait l’air tellement serein que je me demandais encore si j’avais pas tout simplement halluciné la veille. Il était tellement facile de tout comprendre de travers…
- Marc, on peut discuter ?
- Ben oui, bien sûr !- Bon… c’est quoi cette histoire de gober tout ce que tu m’as dit ?
- Hein, comment ça ?
- Ben je sais pas, t’étais bien au téléphone avec quelqu’un hier soir, non ?
- Aaah, euuuh ben, en fait, non, c’est pas ça, j’t’explique…
- Oui ?- Bon attends viens on s’assoit.
- Je préférerais rester debout si ça t’ennuies pas…
- Alors vas-y, je t’écoute.- Ben voilà… en fait, j’ai perdu un pari stupide avec des copains, et j’ai été mis au défi de te séduire…
- … C’t’à dire ?
- Bah… ils se moquent de ta famille et votre couleur de peau… pour pas me faire éjecter j’ai participé au truc…
- PARDON ?!
- Attends Kali, attends !
- ET J’DEVRAIS ATTENDRE QUOI ?- Mais que j’t’explique !
- Y’a rien à expliquer ! Tu t’es foutu d’ma tronche, voilà tout ! Et comme j’suis trop cruche pour y avoir cru, c’est encore mieux pour toi, hein ?!
- Mais pas du tout Kali !
- Oh arrête ton char hein !
- S’il te plaît écoute moi !- Tu peux rien dire qui changera c’que t’as fait !
- Mais j’t’en prie ! J’te jure c’était un pari débile au début, mais j’suis tombé amoureux d’toi !
- Que dalle, j’te crois pas !
- Mais comment j’peux te le prouver ?!
- Tu peux pas ! T’AS TOUT GÂCHÉ !
- Mais raaah j’suis désolé j’te dis !- Alors pourquoi t’as dit tout ça à tes potes au téléphone ?
- Juste… pour en finir.- J’te jure, je voulais pas que ça aille jusque-là… je suis vraiment désolé.
- Nope, y’a rien à faire. J’aimerais que tu t’en ailles.
- Mais…Et il est parti…
J’avais tellement mal que même maman pleurant devant l’urne de papa, ça m’énervait.
Alors que son fantôme commençait à débarquer tout guilleret. Ils étaient pas au courant de c’qui s’passait sur Terre, du haut de leurs nuages ?
J’ai d’abord passé quelques jours à pleurer, parce que je m’étais bêtement fait avoir et que ça faisait vraiment mal. Mine de rien, je m’étais beaucoup attachée à lui. A force, j’étais plus énervée qu’autre chose. Je m’interdisais d’y penser, j’interdisais maman et Lona d’en parler (Eytukan et Axelle ayant acheté une petite maison avec leur joli Arod) et la vie suivait son cours. Et puis un jour, maman a appelé Marc et nous a pris par la peau du cul pour faire une randonnée. On a atterri dans un coin sympa et, toute contente, elle nous apprit qu’elle avait loué un cabanon pour le week-end. Vous la sentez, la bonne ambiance ?
C’était encore mieux quand elle nous annonça qu’il n’y avait qu’une chambre à lit double, et qu’elle était pour nous…
- Bon, les gosses, j’pense que vous vous doutez bien que j’vous ai pas amenés là tous les deux par hasard.
- Sans dec, maman…- Non mais avant de râler, écoute moi un peu.
- Bon. Ça va pas -du tout. Je sais que tu voulais pas qu’on en parle à la maison, mais j’ai quand même entendu et compris ce qui s’passait.
- Mamaaaan, s’il te plait.- C’est vrai que, c’pas pour vous manquer de respect, mais ça vous regarde pas vraiment…
- De quoi j’me mêle, toi.- Boooriiing. Bon écoute m’man, j’vais aller m’foutre dans un coin et lire, hein.
- Bravooo, et donc on te voit plus du week-end, c’est ça ?- Non mais on t’a pas d’mandé ton avis, à toi.
- Non mais ça va oui !
- Vous voyez, on peut même pas lui parler…- Non mais écoute, une bonne fois pour toute, t’as merdé, tu m’as fait du mal, tu t’attends à quoi t’sais ?
- Mais j’me suis excusé ! je t’ai expliqué…
- Et puis c’est pas comme s’il était revenu plusieurs fois à la maison pour te montrer qu’il y tenait…
- Mamaaaan !- Non mais franchement, faut arrêter les crétineries ! Vous êtes jeunes, vous avez merdé, c’est rattrapable ! Tu veux quoi, qu’il se rase la tête et les bonbons tant qu’il y est ?!
- Mamaaaan sans rire dis pas des trucs comme ça !
- Ouais tout comme elle dit, Madame Na’vi…- Bon, alors c’est fini ?!
- Oui oui, détends-toi m’man !
- Héééé ben.
- Enfin, ça veut pas dire que ça va changer quoi qu’ce soit hein.- T’es maligne toi, tu l’as fait partir.
- Mais qu’est-ce qu’on s’en fout…Je disais ça, mais en réalité ça me faisait encore plus de mal. Alors je sais ce que j’avais dit. Ce qu’il avait fait était impardonnable et je n’avais aucune envie de lui donner une seconde chance. Et pourtant… je pensais encore à lui. Parce qu’il me manquait, parce que je savais l’effet qu’il avait fait à mon cœur, parce que je savais qu’on pouvait passer des moments incroyables ensemble même s’ils étaient simples. Alors maman et moi, on est allées s’allonger pour parler un peu.
Et comme je savais pas ce que je voulais, j’ai décidé de courir, loin, avant de me mettre à craquer…
Je suis arrivée dans une petite clairière avec une jolie fontaine. C’était apaisant puisque personne n’était ici malgré les roulottes habitées ; il faisait déjà nuit. J’ai regardé la lune monter lentement, toujours plus haut dans le ciel. Et j’ai entendu des bruits de pas, derrière moi. Marc. Il s’est approché de moi sans dire un mot. Peut-être que nous n’en avions plus besoin. J’avais mal, mais je le voulais ici.
Je ne savais pas vraiment quoi lui dire. J’avais envie de sourire et de le repousser en même temps. Parce qu’il m’avait trop blessé, et que j’avais l’impression de ne plus pouvoir lui faire confiance. Mais il y avait également cette petite partie de moi qui me soufflait une chose. Et cette petite chose me disait qu’il n’avait pas pu à ce point rendre faux ses sentiments, avec moi.
Alors quand il a pris ma main, j’ai plongé mon regard dans le sien. Comme si j’allais trouver les réponses que je cherchais, que c’était là qu’était cachée la vérité.
Ce qu’il fit ensuite… dépassait ce à quoi je m’attendais.
- Attends attends, tu fais quoi là ?!
- Kali, je ne sais pas comment mieux te montrer que je regrette mes actions. Je t’aime et ça me tue d’avoir accepté ce pari stupide. Je suis désolé de t’avoir blessée…
- … Tu es sérieux ?- Je n’ai jamais été plus sérieux de toute ma vie.
- … je… j’accepte.
- … Vraiment ?
- … Oui ! Trois fois oui !- Mais ne me refais plus jamais un coup pareil, hein ? J’ai besoin de te faire confiance…
- Jamais, je te le promets.- … Je t’aime.
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