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Chapitre 42 - les fruits
Chez les fantômes, ça déconnait sec en ce moment. Mamie Pomme se mettait à gagatiser devant un berceau vide, pour commencer. Vous croyez qu’il faut que j’lui dise que Myrtille est dans l’autre, ou bien ?
La minute d’après, ils se mettaient tous d’accord pour vider les poubelles en même temps. Bipolaires, les revenants ?
Je les ai laissé péter des câbles tous seuls, parce que j’avais la flemme de me prendre la tête avec eux. Je me suis reconcentrée un peu sur la boutique pour finalement arriver à faire construire quatre murs avec le budget qu’il nous restait pour elle.
Arthur commençait à se dire qu’il fallait peut-être réagir s’il ne voulait pas finir pire employé de l’année. Du coup, de temps en temps, il nettoyait… mais pour le reste, c’était pas encore ça.
Nous sommes rentrées un soir avec la jolie surprise du popage™ de Myrtille.
Autant vous dire que si Framboise était le portrait de son père, Myrtille était le mien ! Et la voilà après le passage dans la commode…
Les enfants s’entendaient plutôt bien, même s’ils avaient vraiiiiment leur personnalité propre. Voyez plutôt au retour de l’école, Framboise qui accourait dans la maison, Cassis qui prenait un détour pas vraiment très utile, et Myrtille qui se la jouait vilain petit canard, ne réagissait même pas.
En ce qui concernait le travail en lui-même cependant, mes filles étaient très studieuses. Comme moi, en fait.
Tellement que ça en faisait buguer mamie Pomme qui devait se demander ce qu’on foutait à être aussi bien disciplinées.
C’était donc le retour des fantômes relous, avec en prime Lucas qui avait carrément réussi à péter le jacuzzi. Non mais ça allait franchement plus bien.
Mais comme Tristan était parfait et qu’il s’occupait de rendre la maison encore meilleure, il s’est aussi chargé de le réparer.
Bon, il était parfait okay, mais sauf dans des cas comme celui-là. Flippant Ravageur.
Des fois, on avait droit à des visites un peu plus zen, comme celle de tonton Kiwi qui renouait avec sa passion pour la boisson.
C’était tellement plus calme que le reste, que j’en profitais pour m’améliorer en herboristerie.
Les filles grandissaient bien. Elles étaient toujours très intéressantes à observer… on découvrait petit à petit une Myrtille un chouïa je-m’en-foutiste, qui était très souvent en retard à l’école parce qu’elle sortait à deux à l’heure de la piscine…
Et Framboise était définitivement du genre à se renseigner sur tout. Comme la fois où elle m’a demandé ce que je faisais exactement dans le jardin avec le produit insecticide…
- Oui mais si tu mets du produit, c’est tout pas bon, non ?
Elle me lâchait pas la grappe.
- Là, tu vois, j’arrose aussi, alors c’est pas si mauvais.
- Mais si tu laves, le produit il va partir… et les insectes ils vont revenir.
Et la foutre dans le jacuzzi tout vert, c’est possible ou pas ?
Souvent, pour lui faire penser à des trucs d’enfants, et me détendre en même temps, je rassemblais toutes les petites jambes pour une histoire. Au moins, ils étaient captivés.
Quand Pêche voulait mettre la main à la pâte, c’était pour aider son fils dans ses devoirs.
- Bon alors du coup, tu mets un condensateur de particules dans une machine à cloner, mais pas pour faire du flan ! Tu comprends ?
- Euh…
Ouais, c’était un franc succès.
Bref, un week-end, on s’est dit qu’il était temps de faire un petit saut à la montagne. Déjà parce qu’on avait des anniversaires en vue et qu’avec un cadre sympa, c’était mieux, mais aussi parce qu’il fallait que j’fasse le tour du domaine pour récupérer un max de trucs.
Et comme ils menaçaient de tourbillonner sans nous, on a commencé par les bougies dès qu’on est arrivés.
Hé oui, Tristan se faisait vieux. J’vous rappelle qu’il a épousé ma sœur en ayant plus de quarante ans et qu’il avait fait un gosse sans le savoir plusieurs années après.
Et on a enchaîné avec Framboise…
… Qui est directement allée faire un tour par la commode, histoire de vous préserver du mal.
- Héhé, t’es encore toute rose !
- Et comment j’m’appelle ?
- Ben Framboise.
- … Alors !
- …
On s’est pris une bonne nuit de sommeil avec les bruits de la forêt pour nous bercer, entrecoupés des cris de Cassis et Myrtille parce qu’ils avaient soi-disant vu un ours… et j’ai commencé mon petit tour. J’ai pu croiser Arthur qui draguait une petite vieille ; comme quoi son incompétence me poursuivait jusqu’ici.
Alors j’ai continué mon chemin. Au final, je me débrouillais quand même pas mal comparé à la première fois ! Et puis le cadre était tellement agréable.
Ma cueillette des environs et du parc terminée, je suis rentrée pour avoir un gros câlin de Framboise qui me remerciait pour ce séjour. Ah ben ouais, fallait pas croire ! Avec son rose, sa blondeur itout, on pourrait croire à une grosse chochotte, mais c’était tout le contraire. Au moins, elle étonnait les gens.
Celle qui faisait n’importe quoi en revanche, c’était bien Pêche qui, alors que j’avais fait trois gros plats taille familiale, décida d’entamer le seul gâteau de la maison. Heureusement que c’était ma sœur, parce que y’a des baffes qui se perdaient.
Le dimanche, j’ai investi la planque de l’ermite pour voir un peu ce que j’avais zappé de récolter ou d’attraper. Je suis tombée sur un nouveau tout gris, nommé Clément…
J’ai quand même fait mon petit tour, avant de rentrer au cabanon pour annoncer à Tristan que son père était malheureusement décédé. Chose qu’il n’a pas si mal pris, étant donné son propre âge déjà bien avancé. Alors on a fait nos sacs et on a pris la route pour Willow Creek. A notre arrivée, y’avait un drôle de monsieur qui furetait dans le jardin. Si j’en croyais les journaux, il avait rien à faire là ; il me semblait que les fantomettes lui avaient réglé son compte…
On a pris soin de vérifier qu’il se cassait avant de reprendre nos aises à la maison. Et quand je disais aises, vous imaginez pas à quel point. D’ailleurs, les entraînements d’Ambroise avaient fini par payer…
M’enfin je lui ai rapidement demandé de mettre un truc sur le dos, parce que cette nuit-là, les fantômes qui étaient de sortie se comptaient exclusivement en chromosomes X. Et vu qu’elles étaient de bonne humeur, je craignais le pire.
Non parce que fallait pas croire, on était cool, mais on était tarées nous, femelles Entartées. Rien qu’à voir Framboise pour avoir confirmation.
Non mais non, pas de souci tant qu’un sourire innocent fait son apparition après avoir complètement cassé la maison de poupées, voyons.
Entre celle-là qui cédait à ses humeurs, et Myrtille qui faisait son intéressante une fois l’an mais pas qu’un peu. Matez un peu toutes les têtes tournées vers elle !
Attention, confirmation du schmilblick numéro deux : le calme d’Abricot près du feu…
Et l’enthousiasme de Kiwi pour l’anniversaire de Cassis, qui avait d’ailleurs décidé de ne le faire qu’en présence de mâles, c’était donc pour vous dire…
Bon, ben je pouvais vous confirmer que la perfect-attitude se transmettait de père en fils, avec ceux-là.
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