La vie sur Terre continuait tranquillement avec Jérôme. Pour la première fois depuis mon arrivée, je n’avais plus de raisons de rester dans mon coin à me morfondre d’avoir perdu mon peuple. Il me manquait toujours énormément, mais je regardais maintenant vers l’avant, c’était le plus important. Eywa savait me remettre sur le bon chemin. Bon, le seul point négatif qui persistait était ce terrain qui ne nous donnait aucune intimité. Y’avait même des gens qui passaient carrément au travers, à des moments…

Pour le confort, on repassera. Lorsque ça s’est mis à pétarader dans mon vendre, j’ai pu affirmer à Jérôme qu’il allait avoir un enfant. J’vous avoue que j’étais pas totalement relaxée par tout ça mais sachant la façon dont il avait pris mon passé et accepté ma différence, je savais que j’avais pas tant de souci à me faire.

Bon par contre, ça faisait vraiment la fête, à l’intérieur. J’avais l’impression que mon ventre allait s’ouvrir tellement il était gros… puis Jérôme m’a dit que j’étais encore loin du terme. Du coup, j’ai flippé un peu.

Je grossissais donc encore…

Et encore.

Tant et si bien que les mois passèrent en tuant mon ventre, jusqu’à ce qu’il me crie qu’il était temps de mettre au monde ma descendance. J’te jure Eywa, j’ai envie de souffrir en silence, mais là c’est hardcore !

Et puis sont nées Ma’ot et Grace, deux jumelles que l’on nomma en mémoire à ma mère et à l’humaine qui avait bâti une école sur Pandora.

- Mais… Jérôme !... Elles sont pas bleues !

Ça m’avait foutu un choc. Alors okay, elles venaient tout de même de moi, mais ce n’était pas avec des enfants qui ressemblaient plus à des humains qu’à des Na’vis que j’allais faire renaître mon peuple. Bon, je les aimais mes filles, c’était absolument pas la question, mais… on a retenté l’expérience.

Ceci étant, je n’avais pas hérité de la patience de ma mère, c’était certain. Les bébés humains, ça criait. Beauuuuucoup.

On a réfléchit. Avec tout ce que j’avais mis de côté en enchaînant les promotions, et le travail de Jérôme, on a commencé à bâtir quelque chose. Une grande pièce en prévision à la maison dont je lui ai parlé, et surtout, SURTOUT, une « chambre » pour les filles. Parce que se lever toutes les heures, c’était pas possible.

Et c’était pas de trop, parce qu’Eytukan est né (pour mon père). Donc trois crevettes gesticulantes promettaient des changements de couches et biberons à donner à la chaîne. Un peu épuisant, je le confesse volontiers. Pardonne -moi Eywa ne pas avoir tant de patience.

Alors certes, Eytukan est bleu, et ça me fait le plus grand des plaisirs. Mais j’ai toujours espoir d’avoir une fille aux couleurs de mon peuple. Si mon père avait été le chef du clan, ma mère en était son leader spirituel. Et selon moi, la chose comptait bien plus. J’avais donc l’envie de mettre à la tête de ma descendance une femme.

Comme on commençait à aménager un peu plus proprement le terrain, Jérôme s’est mis au jardinage, pour varier un peu les plats. Et puis selon moi, plus c’était naturel, plus c’était sain. Bon par contre, j’avais beau lui répéter qu’il arrosait à côté, rien n’y faisait…

Je l’ai convaincu de faire d’autres enfants, puisqu’il en allait de l’avenir des Na’vis et qu’il n’avait rien contre, finalement. Je ne savais pas si tous les hommes humains étaient mauvais, mais existait-il à l’inverse des hommes plus doux que Jérôme ?

J’ai donc pu constater ma nouvelle grossesse quand les jumelles ont grandi ! Elles sont amoureuses du bleu. Peut-être à cause de la couleur de leur père, qui sait ?