Les choses étaient un peu moins tordues qu’au début. Bon c’est sûr qu’avec le temps, on s’y fait quoi. J’avais réussi à discuter un peu avec Ariel en découvrant qu’elle était pas si cruche que ça. J’ai réussi à parfaire mes peintures et à ne pas craindre au boulot ! J’étais particulièrement fière de l’une d’elles, du coup j’ai décidé de l’offrir à Ariel comme ça allait plutôt bien avec sa chambre.

Mais comme elle dormait, je l’ai installée discretos’ pour qu’elle ait la surprise au réveil. Ah ben ouais, quand on se rend compte que j’suis pas aussi tyrannique que j’en ai l’air, ça fait un choc.

Et comme j’étais bien partie dans mes créations, c’est vrai que j’ai eu du mal à me détacher de mes chevalets.

Jusqu’au jour où mes toilettes m’ont appelée pour autre chose que les commissions habituelles. Et là j’étais genre… dingue. J’ai piqué une crise contre les chiottes qui n’ont pas eu de meilleure idée que d’envoyer des pétards en veux-tu en voilà. Je les ai traitées de tous les noms, en sachant bien sûr qu’elles n’y étaient pour rien, les pauvres… n’empêche qu’il restait un problème de taille : j’étais enceinte de ce gros plouc qui m’avait pas retenue de boire ?!

Ben… ouais. Du coup j’suis restée au troisième étage pendant un moment, descendant pour le minimum syndical, avant de croiser Ariel qui était dans le même état que moi… J’ai pas capté comment on en était arrivées là, mais soit. J’avais eu le temps de réfléchir, au lieu de réagir comme je l’avais fait toute la vie. RE-LAX ma fille. J’ai relativisé, et j’ai repris mon train train quotidien. Hors de question que j’fasse débarquer l’autre crétin, j’étais même pas sûre qu’il avait compris c’que j’ui disait au téléphone. Et finalement, Ariel a eu son bébé ! Un joli petit garçon. Du coup j’ai voulu l’aider à s’en occuper, surtout pour m’aider moi, et me préparer pour l’arrivée du mien… j’devais dire que c’était pas tant déplaisant.

Puis bon, la pauvre en arrivait à devoir siester sur le canapé, ça me faisait un peu de peine, pis faut le dire franchement ça me foutait aussi la trouille sur mon état futur.

Plus je grossissais, plus j’peignais des trucs à gerber… ouais ouais, des arbres, des fruits, des jolies petites choses en sommes, plutôt le truc qui ferait sauter Raiponce de joie.

J’vous jure, j’devenais de plus en plus niaise, c’était flippant.

- Alors comment ça va ? t’arrives à te reposer comme il faut ?
- Doucement mais sûrement ! faut bien faire rentrer les sous. Ils sont bien gentils les parents avec la belle baraque mais c’était une grosse connerie de nous laisser comme ça… enfin. Ça va, ton bidou ?
- Oh bah ça gigote, j’me sens bien grosse mais j’ai l’impression que ça me fait pas tant de mal que ça…

Sans dec, j’avais peur pour mon joli corps après ça. Et on allait bientôt savoir ce qu’il en était puisque j’ai été prise de contraction pas bien longtemps plus tard… bordel que ça fait mal ces machins là ! Plus jamais !

Et finalement, ma fille est née. Petite Anna 

Je suis illico allée l’annoncer à Ariel qui était ravie pour moi !

Et puis comme ça me travaillait (puis surtout qu’en me regardant dans le miroir, j’ai fait un bond) j’en ai profité pour lui demander si elle me trouvait pas un peu… bouffie. Surtout les hanches, mon dieu.

- Sérieux ? Et le ventre ?
- Non non j’te jure, t’es très bien ! Enfin, t’as peut-être pris un peu plus que moi, mais franchement j’te trouve toujours super !
- Euh… merci ?
- Ben faut pas rougir ! ça se voit trop sur ton teint pâle en plus. Faudrait penser à changer ces fringues, tu crois pas ? Enfin, t’inquiète pas, t’as pas de quoi t’en faire… je t’ai jamais trouvée laide en tous cas.
- … c’était pas la question, mais merci encore.
- Mais je t’en prie…

Euh… KEUWA ?!

Honnêtement, j’avais pas vraiment compris c’qui venait de se passer… mais pour la forme, j’suis allée courir pour oublier.