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Chapitre 36 - les fruits
Okay, ces derniers jours avaient été plus faciles progressivement. Mais je sentais que j’avais besoin d’un break. De prendre une bouffée d’air… entre le décès de maman, la boutique à gérer, les fantômes qui faisaient nawak, Pêche qui me poussait à trouver un homme alors que sa quarantaine était proche et qu’elle n’avait elle-même personne… j’ai appelé un taxi, et je me suis barrée.
J’ai loué une jolie maisonnette en plein cœur de la forêt. Le cadre était tout bonnement magnifique… ça faisait déjà du bien.
Au petit matin, la vue était imprenable…
La bonne nuit de sommeil que j’avais passé m’avait déjà requinquée. J’aurais dû penser à faire une escapade à la montagne comme ça depuis longtemps, au lieu de faire traîner ma peine.
Même si le beau moment de solitude fut de courte durée…
- Salut Nectarine !
- Ambroise ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
- C’est ta mère qui m’a dit où tu étais !
- Quelle fouineuse de fantôme…
- Regarde comme c’est beau !
Bon… pas que j’étais totalement mécontente de le voir, il était vraiment adorable, mais j’aurais bien profité de ce calme toute seule, je vous avoue.
Alors qu’il découvrait la nature avec frénésie, j’ai passé mon temps plus ou moins où il traînait avec un bouquin à la main et un chapeau de paille, v’voyez le tableau. Ne pas le décevoir de lui demander d’aller voir ailleurs, tout en restant plus ou moins tranquille. Le problème c’est que j’avais encore du sommeil à rattraper et de la mauvaise humeur à tuer, et il ne m’aidait pas à me regarder comme il le faisait.
Puis alors ça m’faisait faire des co.nneries, en plus.
Dites-moi qu’il n’a rien vu ?
Je savais pas ce que j’avais sur le visage, mais en tous cas il devenait un brin flippant. Pêche voulait nous maquer ensemble, elle savait des trucs que j’savais pas, ou bien ? Parce qu’à moins d’être totalement bêta, ça faisait psychopathe sur les bords, son regard. Enfin non, son sourire.
En plus, il a fini par choper un mauvais truc… j’pouvais même pas regarder la télé tranquillement.
Comme il était rempli de boutons et avait des bouffées de chaleurs, j’suis allée voir dans les environs si y’avait pas des trucs à récolter pour essayer de préparer une pseudo-crème ou au moins une soupe pour qu’il aille mieux…
J’ai enfilé un truc plus pratique que la robe et on est arrivés devant un passage rempli de ronces qu’il avait trop peur de franchir, du coup je m’y suis collée.
… Sans capter que ses pustules avaient déjà disparu.
- … Nectarine ? T’es sûre que tu veux tenter le diable ? on sait pas c’qui y’a de l’autre côté !... Nectarine ?
- Quoi qu’tu fasses, fais-le vite, j’crois que j’vais mourir…
Moui, il en faisait des tonnes, parfois.
C’est pas qu’il était relou, mais presque. Bref, après avoir croisé une araignée sanglante, et m’être pris des feuilles, de la terre et de la poussière dans la tronche, j’ai débarqué… là.
Dans les parages, y’avait un vieux habillé bizarrement qui s’occupait des plantes.
- Dites, j’sais pas vraiment où j’suis, vous pouvez m’aider ?
- Mais bien sûr ! De quoi aurais-tu besoin ?
Okay donc on s’tutoie.
- Ben j’ai mon ami qui est malade… enfin malade, j’sais pas ce qu’il a chopé mais il a des boutons et il sue, genre beaucoup.
- Et ?
- Et je cherche si j’peux pas improviser un traitement maison, parce que j’aimerais bien profiter de mes congés sans qu’il se mette à mourir à côté de d’moi !
- Oh-oh-oooh ! Tu m’as tout l’air de beaucoup tenir à lui pour oser venir jusqu’ici !
- … What ? Non non, j’veux juste me débarrasser de ses microbes, v’voyez.
- Ça c’est c’que tu te dis !
- … Oui d’accord. Ecoutez, enfin écoute, on s’connait pas, t’as l’air d’un gentil gars mais j’ai pas envie d’me prendre la tête avec un inconnu. Il me faut juste des plantes.
- Je dois avoir ce qu’il te faut ! Mais tu sais, faut pas refouler ses sentiments, ça va te faire encore plus de mal.
- Bon… oui okay, t’as carrément raison, j’suis trop en kiff sur mon pote et j’me mens à moi-même ! Content ?
- Avec un zeste de sincérité en plus, c’est top !
- Cool ! Bon alors, ces plantes ?
Il m’a invité à regarder un peu le ciel, j’me suis dit que c’était pas une mauvaise idée pour me calmer. Non mais sans blague ! Ils cherchaient tous à me pousser dans les bras d’Ambroise, c’était tout bonnement insupportable. Pas que j’en n’avais pas envie, mais je préférais quand même réfléchir et décider par moi-même quoi.
L’ermite m’expliqua comment trouver et choisir de bonnes plantes. Il avait des astuces pour identifier des trucs inconnus, faire des crèmes et potions utiles avec tout ça. Bref, j’avais découvert une nouvelle façon d’entrevoir la cuisine et j’étais aux anges, comparé à la façon dont j’étais arrivée. Je suis restée dormir sur son canapé et au petit matin, j’ai eu droit au plus beau des arcs-en-ciel.
Je me suis directement mise à l’attrapage d’insecte. Bon, okay je donnais juste l’impression d’applaudir là, mais je les avais, non ?
Yes !
Bon, là vous les voyiez autant que moi pas vrai ?
Bref, j’ai fait le tour de ce terrain rempli de belles choses, et je suis retournée au parc en me promettant de revenir. Avec une nouvelle résolution, j’ai retrouvé Ambroise allongé devant la maison sans savoir s’il avait capté qu’il n’y avait plus de nuages.
- C’est pas les nuages que j’regarde, ce sont les étoiles ! Regarde, le ciel est dégagé !
- … MAIS T’ETAIS OU ?!
- C’est maintenant que tu tiltes ?
- Non mais non, j’étais perdu dans l’ciel, là.
- Ben, t’es guéri ?
- Ah ben quand j’ai vu que les heures défilaient, j’suis pas resté à t’attendre, pardi ! La gardienne du parc avait un truc pour m’aider, du coup ça va beaucoup mieux. Et toi, tu faisais quoi ?
- J’ai trouvé un endroit magnifique avec un bonhomme tout bizarre et il m’a aidé à trouver plein de plantes. C’était calme, alors j’suis restée un peu plus longtemps que prévu.
- J’ai compris ça…
Et là, j’ai vu le bon moment pour tenter d’entreprendre ma résolution, histoire d’en terminer une bonne fois pour toute. Sauf que…
- Mais hé ho, pourquoi tu te rallonges ?! Rah puis ces moustiques…
Bon, il a pas trop capté pourquoi je m’énervais, mais je lui ai pas laissé le temps de poser la question.
Si le ba.iser ne me faisait ni chaud ni froid, au moins je n’allais pas lui donner de faux espoirs en lui expliquant directement que c'était pas possible et j’allais pouvoir arrêter les ardeurs de ma sœur, ma mère et mamie Pomme… Sauf que, bon. Ça s’est pas passé comme prévu.
Ouaip. J’ai tellement kiffé que j’en étais moi-même choquée. Alors j’ai voulu vérifier…
Et c’est comme ça que tout a finalement commencé…
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