• Chapitre 3 - 626

    Il était plaisant de voir des hommes tels que lui se balader par-devant chez moi, je devais avouer. Jusqu’à présent, la Terre ne m’avait pas dévoilé ses meilleurs atouts. Mais peut-être que ça allait changer… j’ai sorti mon plus beau déhanché (pour une expérience sixamienne rentrant du boulot, s’entend…) et je suis allée à sa rencontre.

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    - Bonsoir !
    - Ah bonsoir ! Vous êtes nouvelle dans le coin ? Je n’avais pas souvenir qu’il y avait une maison ici !
    - Oui tout à fait ! Ça vous arrive souvent de vous balader ici ?
    - Régulièrement oui ! D’où ma surprise.

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    Bon, et si j’me changeais, histoire de faire jouer le joli déguisement, la blouse du labo c’était pas top quand même…

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    Il ne fallait pas que j’oublie ma mission ici. Faire des petits sixamiens pour voir si les miens pouvaient survivre en grand nombre et sur le long terme, sur Terre. Ceci étant, j’avais bien le droit de trouver des géniteurs agréables à regarder, au lieu de produire des petits en masse. Les scientifiques m’avaient bien trafiquée pour être romantique, après tout.
    Je lui ai demandé s’il était marié, s’il avait une chérie, des enfants ou un chien, mais apparemment ce n’était pas vraiment la façon de faire.

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    J’ai donc essayé d’effacer tout ça avec une blague… mais ce n’était pas plus efficace que ça. L’humour sixamien, sans doute. Le mien devait être encore pire.

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    - Vous savez, on voit que vous n’êtes pas d’ici… enfin, c’est pas grave hein ! D’ailleurs permettez-moi de vous dire que vous êtes très belle.

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    … Woula ! C’était normal, ces chatouilles dans le ventre ?

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    Ces abrutis sur Sixam m’avait certes bidouillée, programmée et tout ça, mais ils ne m’avaient rien expliqué de concret… alors pour une fois j’ai voulu faire ce que mon instinct me disait. Ah ouais, il se réveillait que maintenant, celui-là. Quand le dénommé Hayden s’est levé pour rentrer chez lui, et après une seconde d’hésitation, je me suis lancée à sa suite pour en savoir plus sur lui. N’importe quel détail, j’avais envie de l’entendre parler.

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    Et puis après… je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé. J’vous ai dit, j’y connaissais rien. Je suivais juste ce que j’avais l’impression de devoir faire.

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    Je crois qu’il a pas trop capté non plus, d’ailleurs.

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    Ouh la vache, j’avais tout gâché ouuuu… ?

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    Ah, vu son regard (qui me faisait carrément fondre, allez comprendre comment ça marchait), il semblerait que ça lui ait plu. Non ?

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    Alors la fois suivante, je n’ai pas hésité. Je n’avais jamais vraiment vu des sixamiens à l’œuvre, mais la chose était agréable.

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    Emballée comme jamais, je me suis mise à prendre des poses aguicheuses, paraît-il.

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    Et ça eut l’air de marcher, puisqu’il m’a lui-même montré le chemin jusqu’à mon lit. Ça tombait bien, j’avais envie de me coucher.

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    - Bon alors tu vois, c’est le moment où on se fout presque à poil…
    - Duuuh, évidemment j’vais pas dormir avec ma grande robe et tout.
    Journal de bord, ici Gamora 626. Je crois que si on est un humain beau, on n’est pas très intelligent.

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    - Et c’est parti !

    - Ben, on n’éteint pas les lumières ?

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    Bon… j’ai vite compris pourquoi, et de quoi que ça s’agissait. Vous croyez que j’avais eu l’occasion de tester, sur Sixam ? haha ! J’étais une invention, je vous rappelle, je faisais ce qu’on me disait de faire sans prendre le temps de savoir comment faire. D’où cette mission. Ceci étant… j’avais passé un bon moment. Et je devais retirer ce que j'avais dit ; c'était effectivement plus pratique à poil. Hayden était beau, intelligent... et doué.

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    Et puis la « vie » a repris son cours. Je faisais toujours des tas de trucs au travail que je ne comprenais pas, mais comme mon but était d’apprendre, aussi… (et oui, essayer de m’intégrer entièrement dans un monde que je ne connaissais quasiment pas, c’était quand même plus pratique avec deux trois notions acquises au fil du temps).

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    - Mais dites-moi, vous ne me semblez pas très normale, pour une dame.
    - Salut le robot ! J’t’en pose des questions ?

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    - … Vous venez de le faire. Ne seriez-vous pas une sixamienne comme on en trouve beaucoup ces temps-ci dans le coin ?
    - Ne voudrais-tu pas fermer ta boiboite avant que je ne te casse le bras qui te relie au reste du bazar ?
    - …
    - C’est bien c’qui m’semblait !

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    Journal de bord, ici Gamora 626. Déjà plusieurs semaines que je suis sur Terre. Après une conquête pas déplaisante mais pas tellement concluante, je me suis efforcée de me concentrer sur mon travail. La chose a payé puisque je viens d’être augmentée. Le seul problème est la fatigue liée à cette gravité, ce soleil ou que sais-je. Bref, il y a des fois où je ne le vis pas très bien.

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    Ou alors c’était peut-être dû au fait que je vivais constamment avec mon déguisement. Une touche de naturel ne pouvait pas faire de mal de temps en temps, sauf pour faire la cuisine. Je n’étais pas meilleure en étant « moi ».

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    - Oh purée ça crépite et tout ! J’dois faire quoi ?!
    - C’est pas de la purée, c’est un toast.
    - Un toast ? T’as quelque chose à fêter ?
    - Mais non, un sandwich quoi, au fromage.
    - Ah. Et sinon, baisse le feu pour voir ?
    - … Effectivement.

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    Je me sentais de plus en plus mal. Et enlever mon déguisement pour quelques jours ne m’avait servi à rien.

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    Jusqu’à ce que je comprenne… que j’étais simplement dans un état qui permettait d’entamer pour de bon ma mission.

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    Et v’la Hayden qui avait décidé de se ramener comme une fleur. Journal de bord, ici Gamora 626. Est-ce que de telles coïncidences peuvent vraiment exister ouuu… ?

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    Le déguisement, vite !!

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    Non mais franchement, je fondais sur place. Comment un humain pouvait-il être aussi beau ? Même sur Sixam, je n’avais pas eu le loisir de croiser des « beaux gosses ». Bon, je n’avais pas croisé grand monde dans ma cellule, fallait bien l’avouer… mais même.

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    - Haydeeen, saluuut ! Comment va ?
    - Fort bien ma foi ! J’avais envie de passer depuis longtemps, mais je ne savais pas si tu avais envie de me voir… puis tu as l’air de passer tout ton temps à Oasis Springs, alors ça n’était pas évident.
    Ça, il fallait bien avouer que je rentrais claquée tous les soirs.

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    - Bon, euuuh… écoute.
    - Qu’y a-t-il ?
    - Je crois bien que… je suis enceinte.

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    - je sais qu’on ne s’est vus qu’une fois… mais apparemment ça suffit. On s’connait pas beaucoup et tout ça, alors je ne t’en voudrais pas si tu préfères t’en aller.
    - Tu rigoles ? Si enfant il y a, j’aimerais le connaître ! Et puis si ça peut me permettre de te connaître un peu plus toi…

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    Sur le coup, je n’ai pas réfléchi.

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    Et puis ensuite, j’ai réalisé. Si l’enfant tenait de moi, il allait réaliser qu’il y avait un problème dans la génétique… ou plutôt chez moi. Et qu’allait-il se passer en apprenant que j’étais Sixamienne, hein ?! Le plus bizarre dans tout ça, c’était sa manie de traîner à la maison depuis que je le lui avais annoncé… un truc d’humains, je supposais.

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    Moi, j’en étais tellement déboussolée que je ne mangeais même plus face au comptoir. Et puis qu’est-ce que ça faisait un mal de chien, la grossesse…

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    Et puis j’avais envie de manger tout le temps, c’était infernal.
    - Hé donc à ce moment-là j’ai dit au gars… euh, tu m’écoutes ou tu sniffes ton plat ?
    - … Hein ? Ah oui c’est clair, c’était cool !
    Ouais, ça devenait grave.

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    Plus je grossissais, plus mon moral en prenait un coup. Ils auraient pas pu me prévenir ou m’éviter ça, les scientifiques de mes deux ?!

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    Même au travail c’était de pire en pire. Chaque jour, je pariais ne pas tenir jusqu’à dix-neuf heures.

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    Et puis un matin, j’étais tellement grosse que je n’ai pas pu me retenir avant d’aller aux toilettes. C’est lorsque j’ai senti une douleur vive en moi que j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un problème de vessie.

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    J’ai donc pris le taxi jusqu’à l’hôpital puisque j’avais entendu dire que c’était là-bas que les bébés naissaient. Heureusement, pas d’Hayden en vue ! Je ne savais toujours pas comment j’allais lui présenter son enfant, à celui-là.

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    - Oui bonjouuur, c’est pour un accouchement ! J’ai fait une flaque, alors je crois que c’est par ici… ?

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    On me confirma la chose sans m’en dire plus. Toujours au téléphone, ces secrétaires !

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    Non mais franchement, je devais me trimballer dans les couloirs toute seule avant même que le médecin n’arrive ! Sur Sixam, ils étaient quand même mieux organisés.

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    La vache, la frousse que je pouvais avoir ! Ça aussi, c’était nouveau. Des émotions quoi !

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    Wooow il faisait quoi ce machin là-dedans moi ?!

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    Bizarrement, en entendant les cris de mon enfant pour la première fois, j’ai souri.

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    Journal de bord, ici Gamora 626. Je viens de mettre au monde mon premier enfant. C’est une fille, et je l’ai appelée Auruma. Par contre, si elle est violette, je doute qu’elle soit complètement sixamienne.

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    Apparemment, on faisait des petits bisous à sa famille, comme ça. Alors j’ai bisouillé ma fille, et ça a eu l’air de lui plaire.

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