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Chapitre 17 - les fruits
L’anniversaire de Pastèque finit par arriver ! Son oncle Potiron lui avait fait un gâteau tout rose pour l’occasion.
Comme elle a décrété qu’elle voulait faire de la peinture parce que c’était super cool, super classe et que ça rapportait des pépettes, elle a accordé ses cheveux à son idée. Ça m’a fait bizarre au début, puis j’me suis rendue compte qu’elle était juste trop belle, ma fille.
Moi en revanche, je me traînais comme une vieille serpillière. Se rendre compte qu’on est enceinte en plein boulot, ça déglingue un peu quoi. Mais fallait rester positive, je l’avais mon troisième pépin !
Papa est réapparu pour jouer le schizophrène à fond. Il m’a félicité pour ma grossesse avant d’aller péter la poubelle puis nettoyer la baignoire… tout baigne, à fond.
- Alors comme ça t’es de nouveau enceinte !
- Ben ouais, c’est la classe ça, frangin.- Pourquoi tu crois que maman m’a nommée héritière ? J’suis d’la bombe, c’est tout.
- Et une grosse tête, en passant ?En attendant, Kiwi nous faisait une crise à la « pourquoi Pastèque est grande et moi pas ? pourquoi elle a les cheveux verts et moi pas ? » et tutti quanti. Quand je vous disais qu’ils avaient un souci, ces deux-là. Heureusement, ma fille avait uuun peu pris en maturité et a pu lui expliquer qu’il allait bientôt grandir aussi.
J’ai appelé Lucas Je me suis jetée sur Lucas pour lui apprendre qu’il allait être papa d’un petit pépin !
En lui expliquant qu’effectivement, dans la famille on avait plutôt tendance à attendre des fruits que des enfants, mais que c’était ça qu’était cool.
Il l’a bien pris ! J’suis sûre qu’il est resté coincé quelque part quand j’suis tombée sur Hugo, c’est pas possible autrement.
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C’était cool de grandir, en fait. Surtout pour les cheveux, parce que maman pouvait pas contrôler ce que je faisais H24, huhu. Kiwi par contre le vivais pas si bien, il s’est carrément installé dans MA chambre pour faire ses devoirs. Des fois, j’le soupçonne de kiffer le rose, si si. Bon du coup j’suis gentille hein, j’l’ai aidé.
- Bon alors tu vois c’est comme ça que la coccinelle a pu défier le ver de terre avec une aile cassée.
- C’est pas une oreille cassée, normalement ?
- Mais nan, ça c’est dans Tintin !
- Mouais. Moi je crois surtout que ta teinture elle t’a pas teinté que les cheveux.
- Non mais laisse-moi rire, tu voulais les mêmes !Bon, c’est pas le tout mais apparemment depuis que tonton Abricot était parti de la maison, on gagnait plus beaucoup d’argent. Il fallait que je cherche un truc pour aider maman et tonton Potiron, mais quoi… Garder des morveux ? Boarf, j’avais déjà ça avec Kiwi et ce que maman allait nous pondre.
Mais d’ailleurs, elle l’avait bien fait avec quelqu’un son pépinou ! Lucas, il m’semblait bien. D’où il débarquait ? Pourquoi maman était déjà enceinte de lui ? IL L’A DROGUÉE A COUP DE TARTES EMPOISONNÉES AVEC DU SÉRUM DE JE-FAIS-DE-TOI-TOUT-QU’EST-CE-QUE-JE-VEUX ?!
Du coup comme il passait dans le coin, j’l’ai pris entre quatre zyeux.
- Bon, Lucas, on s’connait pas mais faut qu’on cause. Qu’est-ce que tu lui veux, à ma mère ?
- Euuuh comment ça ?
- Ben tu sais bien, tu débarques dans sa vie, tu la fous en cloque, tu repars, tu reviens, tout ça tout ça… ‘tension à c’que tu vas répondre, j’t’ai à l’n’yeux !- Ben ta maman, elle me plait beaucoup !
- C’est bien vrai ça ? Parce que t’es bizarre quand même, vous êtes rapides, t’es fringué comme un ado, je sais pas, ça tourne bien rond ?
- C’est ce qu’on appelle un coup de foudre tu vois.
- Non parce que mon père c’était un abruti donc qu’est-ce qui me dit que tu vas pas te révéler être pareil ?
- Ben… j’aime les tartes ?
- Okaaaay ! Ah ben fallait le dire de suite !- Bon alors bienvenue dans la famille, moi c’est Pastèque, et l’autre déprimé derrière c’est Kiwi. Il faut t’appeler papa ou… ?
Ah oui parce que j’vous ai pas dit, mais Kiwi a grandi quand il était dans la cour de récrée, pouf ! Du coup il est en mode dépressif parce qu’on n’était pas là pour lui souhaiter et le soutenir dans son choix de recopier mes cheveux…
Et puis maman a fini par accoucher. J’l’ai entendue pousser des cris chelou dans sa chambre, j’me suis dit que ça pouvait être que ça…Du coup Lucas et elle ont eu… une fiiiille ! Une frangine que j’allais pouvoir coiffer. Ou sur qui j’allais pouvoir peindre, c’bien aussi.
Et pendant qu’elle est allée s’empiffrer de tartes, mon papa de substitution s’est occupé de la petite Cerise. Bon okay, je l’aime bien, il est sympa. Puis s’il aime les tartes, y’a no sushi quoi.
- Bon alors et du coup, vous allez vous marier ?
- Je ne pense pas, on a déjà du vécu chacun, on avait surtout envie de se poser avec la bonne personne pour finir tranquillement notre vie.
- Mais tu peux pas lui faire ça ! Tu connais pas maman, elle est genre trop fière et tout, elle va vouloir s’exhiber en robe trop belle !- T’inquiète pas, je suis sûr qu’elle est très heureuse de nous avoir ! Et puis je vais venir habiter avec vous, ça sera tout comme.
- Mouais. Tant que tu rapportes de la thune, j’pense que c’est faisable.J’suis retournée à mes pinceaux et là ça m’a frappé : fallait que je vende mes toiles ! Surtout que quand Cerise va grandir, va falloir ajouter un lit ou une chambre, au choix. Ou alors carrément déménager, ce serait cool !
Finalement, Kiwi s’est repris quand on a dansé ensemble. Suffit que tout se ré-imbrique comme il faut, c’est pas sorcier ! Pis, il était cool le frangin quand même.
Et puis la frangine a fini par sortir de son berceau. J’avais déjà envie de la tartiner de couleurs.
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