-
Chapitre 1 - 626
Journal de bord – jour 1
Je suis arrivée saine et sauve sur Terre, enfin du moins en un seul morceau. Le voyage n’était pas très long, mais je n’ai pas vraiment la notion du temps.J’ai donc atterri dans une ville nommée Willow Creek d’après le tableau de bord. L’environnement est très vert, ça change beaucoup de Sixam. Un grand terrain vague a été mon point d’accueil, au bord d’une jolie rivière.
A partir de là, je ne savais pas vraiment quoi faire. Sur Sixam, je n’avais jamais rencontré « l’amour » ni eu besoin de construire une famille. Bon, mon but ici était un peu plus « mécanique » que ça, et étant donné mon origine mes doutes étaient infondés, mais il fallait croire que je n’étais pas tant dépourvue de sentiments que ça. Peut-être que les scientifiques avaient fait un travail pas si mauvais. Je me suis débarrassée de ma combinaison et j’ai commencé à fureter aux alentours. Il y avait une humaine au bord de l’eau, je l’ai donc saluée. Autant débuter en se faisant quelques contacts.
- Hé dites, vous avez une drôle d’apparence…
- C’est normal, je ne suis pas humaine.- Oh ! Vous êtes une de ces extra-terrestres qui rôdent dans le coin ? Vous venez de tout là-haut ?
- Euh oui, c’est ça. Je viens d’arriver en fusée.
- Oh la vache !- Vous savez, tous les humains n’apprécient pas les Sixamiens, vous feriez mieux de vous déguiser, ou vous risquez de finir dans un laboratoire.
Oh non, pas encore un laboratoire ! Je n’avais vu que ça durant toute ma courte existence…- Tu sais qui n’aime pas les miens, tu le sais j’en suis sûre, parle ! Ou je fouille dans ta tête !
Journal de bord, ici Gamora 626. Je crois que les humains n’aiment pas qu’on fouille dans leur tête.
Ne sachant que faire d’autre, j’ai déambulé jusqu’à trouver ce qui semblait être un parc.
J’ai écouté les conseils de l’humaine, et j’ai mis mon déguisement. Pour passer incognito et se faire apprécier, c’est tout de même mieux.
Et puis je me suis rappelée ma mission principale : m’établir sur cette planète pour faire des petits Sixamiens et voir si notre survie est possible ici. Pour cela, j’avais donc besoin d’un homme. Au mieux, d’un mari. Il me fallait donc rencontrer la gente masculine des environs. Je me mis à faire les yeux doux à chaque mâle que je croisais.
Et ils avaient l’air relativement réceptifs.
Jusqu’à ce qu’un humain très moche arrive sans ménagement. Journal de bord, ici Gamora 626, pour vous dire que je ne retiendrais pas cet énergumène dans mes choix.
Le suivant à nous avoir rejoints n’était pas trop mal. Il aurait néanmoins pu changer ses vêtements avant de venir, je dois dire.
Par contre, il a voulu raconter une histoire assez étrange. Il était question de zombies, de bourges, de gens qui étaient beaux comme leurs pieds, et d’autres choses dont je n’ai pas saisi plus le sens que les citations précédentes.
Par contre, chose intéressante chez les humains : ils rebondissaient très facilement dans les débats, si l’on pouvait appeler ça comme ça. Il était assez dur pour moi de suivre la cadence, mais au moins je ne laissais rien paraître.
Sauf à un moment, où je n’ai tellement rien compris à ce qui se passait (une histoire de fantômes qui voulaient manger des fruits, je crois) que je devais ressembler à mon créateur essayant de ne pas se planter pendant la finalisation de mon deuxième bras.
Mais bon, avec les humains, un petit coup de « haha ouais okay, c’est marrant ! » et ça repart. Pas compliqué pour le moment, la base de leurs relations communautaires.
J’ai continué mon petit tour…
Et j’ai fini par rencontrer à peu près tous les hommes présents au parc ce jour-là. Journal de bord, ici Gamora 626. Le bilan n’a pas l’air si mauvais, pour le moment.
Le monsieur très moche m’avait laissé sa carte en disant qu’il était architecte. Comme je lui ai dit que je venais d’arriver en ville, il en a profité pour faire sa petite publicité. Je l’ai donc appelé pour lui demander une grande maison à l’endroit où j’avais atterri, précisant également qu’il avait tout intérêt à se bouger le derrière. Moi qui croyais qu’il aurait travaillé toute la nuit, j’ai dû passer une journée de plus dans le parc en me nourrissant de choses cuisinées sur place, et en faisant ma petite toilette dans les cabinets publics. Fort heureusement, la maison était prête peu après.
- Et donc, j’avais dit quoi ?
- V-Vous m’avez demandé de vous livrer une maison le plus rapidement possible, m-madame !- Et ? Deux jours, tu trouves ça rapide ?
- J’ai fait tout ce que j’ai pu, j-je vous le jure ! Tous mes hommes étaient sur le coup, j’ai même emprunté ceux de mes collègues !- C’est ballot, mais je t’avais dit de faire ça en un jour.
Journal de bord, ici Gamora 626. J’ai un toit, manque le mari.
-
Commentaires