-
Par Cassiopeia le 17 Juin 2015 à 22:16
Auruma était toute contente, sa chambre l’attendait déjà. Deux lits, des peluches, une salle de bain privée… que demander de mieux ?
Peut-être un peu plus de couleurs, certes. On a donc profité d’un jour d’école pour rendre ça un peu plus sympa pour elle. Oui, on, parce que Frédéric (oui, allez comprendre pourquoi les miens avaient des noms si… humains, sur Terre) a décidé de m’aider un peu dans la maison comme j’étais une maman plus ou moins célibataire et que j’attendais son enfant.
Avoir une présence masculine aidait un peu mon moral à ne pas broyer du noir. Même si, à priori, je n’aurais pas dû étant donnée mon origine.
- Et donc, t’es qui toi ?
- Frédéric !
- Mais encore ? T’es pas mon papa, si ?
- Euh, non…
- Pourtant t’es violet, toi aussi.- Si j’étais ton père, tu serais entièrement Sixamienne, ma p’tite.
- Ah ouais d’accord ! C’est pas faux. Mais sinon tu fais quoi ici ?
- Avec ta maman on a décidé de te donner un petit frère ou une petite sœur.
- Sérieusement ?
- Oui, elle est enceinte.
- Mais elle te connait d’où ?
- Du travail.
- Okay… et donc tu vas rester à la maison ?
- Pour un moment, oui.
- Cool !- … Non mais sans rire, c’est qui celui-là ?
Ma belle Auruma était heureuse. Elle faisait presque sérieusement ses devoirs, puisqu’elle surveillait Fred du coin de l’œil…
Elle aimait beaucoup faire la pitre avec lui, aussi. Surtout dans la piscine.
Et quand elle était supposée aller se coucher, elle préférait se glisser dans le jardin en douce, pensant que je ne la voyais pas, pour jouer à l’explorateur de l’espace. Peut-être pour se sentir plus proche de moi, allez savoir…
A part ça, Frédéric était très serviable. Il aidait beaucoup dans la maison et améliorait même la plomberie pour qu’elle casse moins, sans que je ne lui demande rien.
Tandis que je passais mon temps à péter des câbles à cause de la grossesse.
Au travail, il y avait régulièrement de nouveaux collègues. Même des Sixamiens, depuis peu.
Mais c’était quand même plus amusant de passer ses nerfs sur les anciens.
Même si ça mettait du temps à faire effet…
Journal de bord, ici Gamora 626. Les améliorations faites par les humains sur nos armes sont étonnantes. Je ne sais pas si je peux avoir la possibilité de vous envoyer un prototype, mais je le ferais à la première occasion.
Alors que je m’occupais de mon jardin, j’ai senti que c’était le moment.
J’ai donc demandé à Frédéric de m’emmener à l’hôpital, mais il a paniqué encore plus que moi une fois sur place, à cause du fait qu’il avait oublié son déguisement…
Y’avait une nouvelle secrétaire, pas encore au téléphone celle-là…
- C’est pour un accouchement ?
- Non, c’t’à dire que j’étais dans mon jardin, et là y’a une pastèque qui a décidé de se téléporter dans mon ventre, v’voyez !
- …
Pas plus intelligente, pas contre.Le problème, c’est que j’avais oublié d’en avertir mon patron. Du coup, mes collègues sont venus me chercher alors que je me dirigeais vers la salle d’accouchement, et j’ai passé la journée à avoir des contractions. Fun, non ?
Ils m’ont proposé de me ramener à l’hôpital à dix-neuf heures, où Frédéric m’attendait toujours… sauf qu’ils m’ont déposée directement chez moi. J’ai donc eu mon bébé « à l’ancienne », comme ils disent…
Journal de bord, ici Gamora 626. Je vous informe que j’ai eu une seconde petite fille, Ketera.
- … Allo Frédéric ? Tu es toujours à l’hôpital ?
- Ben oui, c’est-à-dire que j’ai été ramenée à la maison en fait !
- Et puis ben, je viens d’avoir ta fille, hein. Oui c’est ça, à tout de suite !
C’était pas bien futé les Sixamiens, des fois.Il tenait à rester à la maison encore quelques temps, pour pouvoir s’occuper de Ketera, m’aider et tout ça. Du coup j’en ai profité pour faire plus ample connaissance avec mes autres collègues aliens du boulot, qui eux s’assumaient un peu plus, comme cet Hugo à qui je plaisais bien.
Et entre temps, je mettais au point une machine à cloner, même si ça ne marchait que sur des fruits pour le moment… pas très utile.
Et tandis qu’Auruma passait presque tout son temps sur le bateau-fusée à faire des cascades qui m’auraient fait dresser les poils si j’en avais…
… Ketera sortait de son berceau !
Du coup, j’ai laissé les filles s’accoutumer l’une à l’autre un petit peu… en invitant Hugo, parce que j’avais toujours une mission à remplir. Fort heureusement, les Sixamiens n’étaient pas forcément attachés à leurs partenaires comme les humains, donc pas de souci de ce côté-là.
Journal de bord, ici Gamora 626. Je crois que je deviens douée.
- Alors frangine, t’as aimé dormir dans ton nouveau lit ?
- Oui, il est tutafey confortable ! Mais très rose, par contre.
- Ah ça…- Mais sinon euh… t’as pas un déguisement toi aussi ? Non parce que j’ai rien dit à Fred, mais c’est quand même un peu flippant la boule à zéro, les zoreilles pointues et tout…
- Comme ça c’est mieux ?
- Ah ben voilà, tu gères !
- Mais, et maman ? Elle te fait peur ?
- Ah non, maman c’est maman, je l’aime trop !Il y avait de l’ambiance à la maison. Frédéric restait encore dans les parages pour connaître un peu sa fille, et Hugo attendait que j’arrive à terme. Ça donnait des fois des situations assez étranges, où l’on pouvait dire « tel père, telle fille ». Bon par contre, je doutais que se trouver si proche de la télévision fut une si bonne chose.
Au boulot, il y avait des hauts et des bas. Là par exemple, on me demandait de fixer ces choses métalliques, pour je ne savais encore quelle raison.
Donc quand je m’ennuyais, je gelais de nouveau des collègues. Héhéhé.
Oh puis y’avait une nouveauté, je pouvais changer leurs fringues !
Et pouf, un débile en pyjama.
Je ne savais pas ce qu’il avait à se trouver sexy dans cet accoutrement par contre, mais ça y allait… et moi j’avais de plus en plus de mal à remplir mes journées comme il le fallait.
Tellement qu’en rentrant, je n’ai pas eu le temps d’aller jusqu’à mon lit, que je m’écroulais complètement. Journal de bord, ici Gamora 626. Être enceinte est un véritable défi.
J’ai à peine eu le temps de me relever pour me coucher que j’ai fait une flaque. Du coup on a filé à l’hôpital, cette fois aucun risque que mon patron râle puisque c’était la nuit. Ceci étant, c’était Hugo qui me prenait la tête à paniquer.
Le moment où j’ai moi-même manqué de paniquer, c’est quand je me suis rendue compte que le médecin occupé de m’accoucher n’était autre que la secrétaire du bâtiment lors de ma grossesse précédente.
- Hé mais attends, elle sait c’qu’elle fait ?!
- Certainement, depuis un an… m’enfin tu m’aides pas, là.
- Ah, pardon !!
- Détendez-vous tout va bien se passer, j’ai pas arraché de cœur pendant un accouchement depuis une semaine au mois !
- …Journal de bord, ici Gamora 626. Plus de peur que de mal, j’ai accouché d’un petit Arkano.
- … C’est normal que ton ventre n’ait pas du tout dégonflé ?
- Oui tu vois, c’était juste un bug.
Voilà, j’avais donc déjà trois enfants, dont deux Sixamiens qui allaient pouvoir étendre notre espèce avec le temps. J’avais encore un congénère parmi mes collègues à qui j’allais pouvoir demander de l’aide dans ma tâche, mais rien n’y faisait. Il y avait un vide qui se créait petit à petit en moi, pauvre petite expérience qui n’aurait jamais dû connaître ça. Maudits scientifiques.
votre commentaire -
Par Cassiopeia le 18 Juin 2015 à 21:01
Les Sixamiens, ce n’était pas ce qui manquait sur Terre, apparemment. Et comme il en restait encore un dans mes contacts à qui je n’avais pas demandé d’enfant, je n’ai pas attendu longtemps après l’accouchement d’Arkano pour l’appeler.
Je poursuivais donc ma mission à un rythme correct. Au boulot, c’était assez répétitif également, certains jours. D’ailleurs, je n’étais toujours pas plus douée en ce qui concernait le sport.
Y’avait un nouveau collègue, alors je l’ai fait passer par mes étapes de présentation.
Et un moche en pull, un !
Pas très fut-fut non plus, mais au moins j’pouvais tester mes sérums sur quelqu’un.
Tant et si bien que j’ai fini par avoir une promotion qui rendit mon uniforme un pwal plus classe, fallait le dire.
Un jour, Arkano est sorti de son berceau. Il était un parfait mélange d’Hugo et de moi.
L’ambiance était assez fun à la maison, et je me pris à penser que je n’avais jamais espéré trouver ça sur Terre. La mission était ce qu’elle était, et je me devais de l’accomplir. A ce niveau, il n’y avait pas de problème, et la joie d’une petite famille était optionnelle mais combien agréable.
L’anniversaire d’Auruma arriva, et je tentai de faire un gâteau. Jusque là, j’avais plus ou moins réussi de me débrouiller avec des sandwich au fromage et des bols de saucisses (étrange façon de manger que celle des humains…), donc rien n’était vraiment joué.
Journal de bord, ici Gamora 626. Le suspense est à son comble.
Je savais pas si c’était bon, mais au moins ça avait d’la gueule !
La petite a donc soufflé ses bougies…
Sous les encouragements de son frère et moi.
Et quelle belle plante que voilà ! En même temps, vu son père… et le fait que je n’étais pas moi-même si vilaine, ‘pouvait pas être moche, la gosse.
Mon ventre avait enfin décidé de pousser. Du coup, mes humeurs étaient de nouveau pires que d’habitude, même si depuis le temps, les enfants n’y faisaient plus vraiment attention. Et pourtant, ça n’était pas comme si je n’y mettais pas du mien…
Jusqu’à ce que la flaque se pointe comme à son habitude. Loin de moi l’envie de me trimballer à l’hôpital cette fois, je me suis directement pointée devant le berceau.
Journal de bord, ici Gamora 626. Ma descendance se multiplie et ma mission est en très bonne voie. Voici Lajana…
… Et Komito.
Je trouvais que je ne m’en sortais pas si mal que ça, en regardant ce que j’avais accompli depuis mon arrivée sur Terre. Auruma s’était mise à la cuisine, elle était clairement plus douée que moi. Et j’attendais que les jumeaux grandissent pour savoir qui allait prendre ma relève. Quand je me suis autorisée à sourire, je me suis rendue compte qu’il n’était pas sincère, avant de comprendre. Ce vide qui n’était pas comblé par mes enfants, avait un nom précis. Alors j’ai craqué…
- … Hayden ? … S’il te plait, ne raccroche pas…
votre commentaire -
Par Cassiopeia le 18 Juin 2015 à 21:31
Bon. Je ne savais pas si j’avais bien fait, mais je ne pouvais pas reculer. Hayden avait accepté de passer à la maison, et il allait bien falloir que je me jette à l’eau.
- Mamaaaaaan y’a quelqu’un devant la porte !
Déjà ?! J’ai accouru en criant à Auruma d’aller se cacher. Hayden était là, et mon cœur manqua un battement. Avez-vous déjà vu un humain si parfait ? Même après toutes ces années ?
- Salut…
- Waouh, tu es toujours aussi belle.
Euh… what ?- … Pas de « pourquoi t’as fait ça ? » ou de crises de pas-content-isme ?
- Ben non.
- Okay, y’a un truc que j’ai dû louper, là.- J’suis juste heureux de te voir.
- … Je sais pas si c’est une vanne mais elle est pas drôle.
- Pourquoi ?
- Ben c’est pas logique. La dernière fois qu’on s’est parlé, j’t’ai appris ma fausse couche et t’es parti en gueulant.
- Et ?
- Ben y’a un truc qui merde dans le schmilblick.Et là, j’ai entendu des rires étouffés. Fronçant les sourcils, je regardai avec effroi ma fille ouvrir la porte pour nous rejoindre. Je fis les yeux ronds, histoire qu’elle comprenne « NON MAIS KESTUFOULA ?? ».
- Maman… on s’connait en fait.
- De whaaaat ?
- Oui… si je suis comme ça c’est parce qu’Auruma m’a trouvé y’a quelques semaines.
- Je rêve ou bien ?- Hé non ! J’ai d’mandé à un pote dont le père est agent secret, une co.nnerie du genre, de retrouver papa pour moi. Parce que tu m’as jamais dit qui était mon père, et faut dire que ça m’a manqué un chouïa tu vois !
Je me tournai vers Hayden.
- Et… t’as pris ça tranquillement, genre ?
- Ben… j’ai longtemps réfléchi. Ça tenait pas trop debout la façon dont ça s’est terminé entre nous. J’me suis dit qu’un truc clochait. J’suis repassé de temps en temps dans le coin… en te voyant avec plein de gosses.
- Plein… faut pas z’exagérer tout d’même.
- Bref, du coup quand Auruma m’a trouvé et m’a annoncé qu’elle était ma fille, j’ai trouvé ça relativement logique !
- Mais leaul ! Et sa peau violette ?
- Elle m’a dit que t’étais Sixamienne.
- … Non mais il s’passe bien c’que j’crois qu’il s’passe, là ?!
- Oui m’man !- Tu sais, y’a que toi qui t’es braquée à cause du fait que t’étais pas humaine ! A l’école, les gens m’font pas la tronche ! Et pis papa l’a bien pris. Fallait oser !
- J’ai pas été conçue pour réfléchir comme ça. Quand des émotions ont commencé à apparaître, j’ai rien compris moi !
- Mais ouais mais c’est papa ! Il t’aurait pas rejetée !
- J’en savais rien…
- T’es cruche des fois, maman !
Bizarrement, j’arrivais pas à lui en vouloir. Et quand je voyais la façon dont Hayden regardait sa fille, tous mes doutes disparaissaient.- Mais, et les autres enfants ? Pourquoi tu les as faits après m’avoir rejeté ?
- Euh…
- Ah, c’est ma faute aussi ! J’voulais pas être toute seule, alors j’ai demandé des frères et sœurs à maman.
Okay, il allait falloir que je double son argent de poche à celle-là.
- Et le père vit avec vous ?
- Les, pas le, et non !
- C’étaient des Sixamiens, ils n’ont pas d’attaches comme les humains…
- Ooookay.
Honnêtement ? J’avais rien compris à ce qu’il venait de se passer. Mais j’avais pas envie de tout gâcher.On a fini par envoyer la gosse dans sa chambre. Parce que bon, okay on retrouvait son père, mais elle avait toujours cours le lendemain. Faut pas déc.onner !
- Alors donc… ça ne te dérange pas que je ne sois pas humaine ?
- Tu veux rire ! C’est fun, et puis ça ne change pas qui tu es, et la personne de qui j’suis tombé amoureux.
Wohoh, j’étais en train d’mourir sur place.- Tu enlèverais ton déguisement pour moi ?
- Sûr ?
- Ben oui !
- Okay… bon, j’ai essayé de me refaire une beauté sur les critères humains. On m’a même proposé d’avoir des cheveux, mais ça faisait trop…
- Montreuh !
- Voilà voilà…Vu sa réaction, je me suis dit que finalement, je m’étais vraiment monté la tête pour rien.
Et nous avons fêté nos retrouvailles… dignement.
Je saurais toujours pas vous dire si j’étais dans une espèce de réalité parallèle, mais en tous cas mon humain d’amûr s’est vite prêté au jeu du beau-père en s’occupant des jumeaux. Trop cute.
Comme la maison était un pwal trop… ouf, pour Hayden, il nous a pris le délire, en pleine nuit bien sûr parce que c’est plus fun, de déménager. Pour un truc plus humain, plus sobre, plus cosy, enfin vous voyez quoi.
J’avais l’impression que toutes ces années avaient été perdues, mais effacées grâce à l’aide de ma fille. Qui demandait d’ailleurs souvent à son père de l’interroger pour ses devoirs, histoire de lui montrer qu’elle était trop intelligente.
Quant à moi, je prenais un malin plaisir à mater un peu quand il se levait pour aller au travail. D’ailleurs, il avait eu envie de se lancer dans les trucs d’agents secrets, parce que c’était ultra sexy à dire.
J’étais tellement sur un petit nuage que je m’amusais comme une enfant au boulot, à glacer tout le monde. Ah bah, chacun son truc, hein !
Et quand c’était pas ça, je passais mon temps libre à m’occuper du jardin, chose pour laquelle je n’aurais jamais pensé trouver du plaisir en arrivant sur Terre. Comme quoi… tout pouvait arriver.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique