• Hé oui, je me lance dans une petite nouveauté ^^ Sans en dire plus, je vous laisse découvrir le prologue... bonne lecture ! ♥

     

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    Judie Templeton était une petite vieille aigrie. Il fallait dire qu’elle était vieille, et qu’elle était aigrie. Mélange explosif ? Disons plutôt explosif passif chez dame Templeton, parce qu’elle était presque toujours calme lorsqu’elle faisait perdre la boule aux gens avec ses bêtises.

    Judie habitait dans une petite maison de la charmante ville de Newcrest. Il y faisait bon vivre et elle savait qu’elle pouvait passer ses dernières années de façon confortable à pester sur les voisins qui marchaient malencontreusement sur son bout de trottoir. Quand elle ne sortait pas carrément pour leur courir après. Enfin, courir d’après Judie, c’était marcher.

     

    Prologue - les tambours

     

    Quand elle avait envie de bouger, Judie se rendait au parc. Elle restait d’abord sur un banc pour observer les enfants jouer. Quand l’un d’eux tombait et pleurait, ça la faisait sourire. Elle était comme ça aussi, Judie. Sauf que ce dimanche-là, il n’y avait pas d’enfant dans la cage à poules.

     

    Prologue - les tambours

     

     Alors elle reprit sa route vers les échiquiers. Judie aimait bien ce jeu. Ça faisait travailler sa tête, et généralement elle gagnait. Forcément, quand on gagne, on est content.

     

    Prologue - les tambours

     

    Le problème, c’est qu’elle s’est rapidement mise à entendre un bruit dérangeant. Les gens qui causent, Judie s’en fichait, elle savait faire le vide. Mais ce bruit, il ressemblait à des tambours. ‘Voyez ?

    - … Vous entendez ?

    - Non mais ça va les diversions, la vieille !

    - Parce que tu crois que j’ai besoin de te distraire pour gagner, couche-culotte ?

     

    Prologue - les tambours

     

    Non, Judie n’aimait pas qu’on la traite de tricheuse. Si elle trichait, elle assumait. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Elle continua de jouer mais au bout de quelques minutes, le bruit reprit. Judie se demanda si elle ne devenait pas complètement sénile.

     

    Prologue - les tambours

     

    Alors elle abandonna la partie pour fouiller du côté de la mare. A mesure qu’elle s’éloignait de la foule, le bruit s’intensifiait. Elle observa l’endroit, mais rien.

     

    Prologue - les tambours

     

    Elle se dirigea vers les buissons, un peu plus loin, et finit par trouver une boite sur laquelle était inscrit Janimju… Janimju ? Jamais entendu parler. En tous cas, les tambours arrêtèrent de résonner.

     

    Prologue - les tambours

     

    Judie rentra chez elle avec la boite sous le bras. Elle s’installa devant sa table basse et l’ouvrit : il fallait retirer le haut de la boite qui se dépliait comme des volets. Sur chacun d’entre eux étaient gravées quelques lignes. Au début, Judie se dit « chouette ! De la lecture ! »

     

    Prologue - les tambours

     

    Et elle entreprit de lire.

    « Janimju, un jeu pour tous ceux qui espèrent laisser derrière eux leur univers.

    Lancez les dés pour déplacer votre pion, un double donne le droit de rejouer.

    Le premier qui arrive au bout a gagné ».

    - C’est tout ?

    Judie était déçue, il s’agissait d’un simple jeu de société, et elle n’avait aucun petit enfant pour l’obliger à jouer avec elle.

     

    Prologue - les tambours

     

    De l’autre côté était écrit :

    « Aventurier méfiez-vous, ne commencez que si vous avez l’intention de finir.

    Les effets saisissants de ce jeu ne cesseront que lorsque l'un des joueurs aura atteint Janimju

    et prononcé son nom ».

    Voilà qui l’emballait déjà un peu plus. Mais elle savait qu’elle n’était plus toute jeune pour « partir à l’aventure ». Ce qui la fit surtout sourire était qu’un jeu parle d’aventure. Il ne fallait pas la prendre pour une naïve ! Que pouvait bien faire une boite, des pions, et des dés ? Dés qu’elle attrapa et lança nonchalamment. Un pion se plaça de lui-même dans un coin du plateau et avança de trois cases. Judie le regarda comme si elle perdait la boule. Les dés avaient fait un un et un deux.

    Au milieu du plateau figurait un rond noir. Judie plissa les yeux lorsque des mots apparurent au milieu…

     

    Prologue - les tambours

     

    … Mais bien sûr ! De quoi que ça causait ? Judie ne savait pas. Entre les effets certainement aimantés des pions, et l’espèce d’écran qui devait produire des indices aléatoirement, Judie avait envie de rire. Même si ça ne cassait pas trois pattes à un canard, au moins ça avait le mérite d’être un tant soit peu original, pour un jeu de société.

     

    Prologue - les tambours

     

    Le problème, c’est qu’on frappa à sa porte quelques secondes plus tard.

    - Madame Templeton ? C’est le facteur ! Votre boite aux lettres est coincée ! Où je mets vos factures ?

    Judie leva un sourcil. Elle détestait recevoir des gens chez elle. Surtout si c’était pour des factures. Elle décida de l’ignorer, mais il continua de frapper à la porte. A ses appels s’ajoutèrent ceux d’enfants, qui avaient envoyé leur ballon sur le toit de la maison. Heureusement, sa porte d’entrée n’était pas vitrée. Elle pouvait bien feindre d’être absente tant qu’elle le voulait. Mais il lui fallait surtout faire le vide, parce que les coups redoublèrent. D’autres voisins s’ajoutèrent, tantôt pour apporter des muffins à Judie, tantôt pour vendre des aspirateurs… Elle sorti son téléphone et se mit à jouer à ScrabbleMania, le seul jeu virtuel où elle excellait en tant que vieille.

     

    Prologue - les tambours

     

    - Il ne faut pas ignorer un indice du Janimju.

    Judie releva la tête, fronça les sourcils, et se demanda si elle n’avait pas oublié d’éteindre la télé dans sa sénilité. Comme rien ne se passa, elle haussa les épaules. Elle s’apprêtait à envoyer un SMS à son amie Ginette (sa seule amie, en fait) pour lui dire qu’elle devenait folle, mais la voix retentit de nouveau.

    - Tu n’es pas folle, non. Enfin pas encore, faut dire que t’es plus toute jeune.

    - … Mais c’est qui qui cause ?

    - A ton avis ?

    Judie jeta un regard sur le jeu. La voix avait bien dit son nom.

    - Hé bien, ça pige plus vite que prévu.

    - C’est quoi l’astuce ? Un truc préenregistré et un haut-parleur caché ?

    - Non. Par contre, tu as commencé la partie, tu ferais bien de la reprendre.

    - Ah ben mon n’veu, depuis quand on est obligé de finir une partie d’un jeu de société ?

    - Depuis que c’est pas n’importe quel jeu que tu as rapporté chez toi.

    Judie restait muette. Elle n’avait pas envie d’argumenter avec une bande-son automatique et décida de manger un bout, ignorant toujours les cris et les coups de poings donnés à sa porte. Mais à ça s’ajouta le bruit de tambours qu’elle avait entendu au parc. D’abord, elle n’y fit pas attention. Mais lorsque ça devint insoutenable, elle se replaça devant sa table basse.

    - Alors ?

    - Alors je dois faire quoi ?

    - T’occuper des gêneurs. Que disait l’indice ?

    - Un truc comme quoi j’allais en avoir marre.

    - Il faut donc t’en débarrasser.

    - Pas envie.

    - Très bien. Place-toi devant ton miroir.

    - Pourquoi ?

    Elle n’eut aucune réponse. Alors en soupirant largement, elle s’exécuta.

    - … Et ?

     

    Prologue - les tambours

     

    - Et, voilà ce qu’il en coûte d’ignorer les indices du Janimju.

    - C’est-à-dire ?

    - hé bien regarde-toi de nouveau.

    - …

    - …

    - … HEIN ?!

     

    Prologue - les tambours

     

    - Tu m’as fait prendre cinquante kilos ? Comment ?

    - Je peux faire ce dont j’ai envie. Je suis le jeu.

    - Et tu as fait ça parce que je n’ai pas eu envie de m’occuper des gêneurs ?

    - Exactement. Si tu veux éviter ce genre de désagrément, tu dois prendre en comptes chaque indice, et avancer la partie. Tu as lu les instructions, non ?

    - Oui oui… je me tape le jeu toute seule, c’est ça ? Bonjour l’ennui.

    - Non.  Tu l’auras vu, il y a quatre pions. Il te faut donc trouver des participants. Mais ils devront vivre sous ton toit.

    - C’est quoi cette blague ? Si je lance les dés, je vais bien avancer !

    - …

     

    Prologue - les tambours

     

    Aussitôt dit, aussitôt fait ! Quand Judie avait quelque chose en tête, il était rare qu’elle ne s’écoute pas. Elle lança les dés, mais son pion ne bougea pas. Elle eut cependant une nouvelle inscription…

     

    Prologue - les tambours

     

    Il y eut un flash. Judie pensa qu’elle se faisait vraiment trop vieille et que sa tête tournait. Mais elle se retrouva à l’extérieur… d’une maison qu’elle ne connaissait pas.

    - J’me suis endormie sur le canapé ?

    - Non non.

    - Ah, toujours là, toi.

    - Je ne suis pas prêt de partir, apparemment…

    - Mais on est où ?

    - A Janimju.

    - On est dans le jeu ?

    - Oui.

    - Mais… ça ressemble à Newcrest. Et il n’y a personne.

    - Parce qu’il s’est imprégné de l’endroit où il était. Dans cette réalité, il n’y que ta maison ici, parce que les gens préfèrent travailler et vivre dans les autres « quartiers » du jeu.

    - Il y a des gens ici ?

    - Oui, les habitants de Janimju.

     

    Prologue - les tambours

     

    - Et la maison, c’est pour moi ?

    - Oui. Tu vivras ici jusqu’à ce que tu sortes du jeu.

     

    Prologue - les tambours

     

    Judie se rendit compte de ses pointes noires qui redescendaient sur ses épaules.

    - … Pourquoi je suis jeune ?

    - Le jeu te donne une chance de te recréer une vie, en espérant que tu changes.

    - Pourquoi je devrais changer ?

    - Pour ne pas finir à nouveau en petite vieille aigrie vivant seule ?

    - J’étais bien, seule.

    - Hé bien tu vas apprendre d’autres facettes de la vie.

    - C’est pas une vie, d’être coincée dans un jeu.

    - A qui le dis-tu ! Va voir un peu à l’intérieur, un papier t’attend dans la bibliothèque.

     

    Prologue - les tambours

     

    Judie se rendit à l’endroit demandé et tira une feuille qui dépassait d’entre deux livres. Dessus, elle pouvait lire une liste démesurée de points apparemment importants. « Vous ne pouvez pas prendre de jours de congés. Vous ne pouvez pas utiliser de tente. Vous ne pouvez pas utiliser de douche ou de baignoire. Vous ne pouvez pas faire de test de grossesse. » et ainsi sur trois pages entières.

    - C’est quoi, ça ?

    - Ça, ce sont tous les interdits qui te sont appliqués ici. Si tu en enfreins un, tu sais ce qu’il peut t’arriver.

    Judie avait encore la sensation des bourrelets en mémoire, et elle ne voulait pas la connaître à nouveau à moins de personnellement prendre la décision de manger donut sur donut.

    - Pas de donut ici, que du poisson.

    - Sérieux ?

    - Oui. Prête à te lancer dans ta nouvelle vie ?

    - Tant que ce ne sont pas les dés que je lance…

    - Ça viendra, ça viendra.

     

     

    A suivre…


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  • Judie n’était pas contente de ce qui lui était arrivé. Certes, elle n’était plus vraiment une petite vieille mais ses habitudes d’aigrie n’allaient pas disparaître aussi vite. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Elle commença par lire la liste d’interdits qui lui avaient été assignés, avant de recommencer, puis encore, et encore une fois. Ça lui donna mal à la tête. Si elle ne voulait pas avoir de fâcheuses conséquences à une entorse faite malencontreusement à une règle ou deux, elle avait tout intérêt à apprendre la liste par cœur, ou au moins la trimbaler avec elle de partout.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    Avant de procéder à une réelle visite des lieux, elle chercha les petits-coins. Elle en trouva au sous-sol.

    - Ben, y’a pas de douche ?

    - Non.

    - Ah oui c’est vrai, les règles. Et comment je me lave ?

    - Au lavabo.

    - Y’a même pas de brosse à dents ? De savon ?

    - Non.

    - C’est pas une nouvelle chance en fait, c’est retour chez Cro-Magnon.

    - N’exagérons rien.

    - A peine.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    A l’étage se trouvait un lit double, des berceaux, une deuxième salle d’eau, et une petite chambre avec deux lits simples.

    - C’est ridiculement petit, et tu veux que je refasse ma vie ?

    - C’est l’idée oui. Et puis, la petitesse est aussi une contrainte.

    Judie jeta un œil à ses feuilles. Effectivement, il était bien question de taille de maison.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    - Et donc, j’suis censée faire quoi ?

    - Comme dans la vraie vie, ma grande ! Trouver un travail, fonder une famille…

    - Un travail ? Mais j’suis trop vieille pour ça !

    - Tu as présentement la petite vingtaine, je te rappelle.

    - C’est pas faux. Mais pas dans ma tête… dans ma tête, c’est toujours bien moi !

    - C’est normal, tu viens d’arriver. Ça va changer, avec le temps.

    - Mais j’ai pas envie ! J’aime ma vie, j’aime mon caractère, j’suis bien contente comme ça !

    - Ta vie n’est plus, ton caractère va redevenir celui qu’il était à tes vingt ans, et j’ai envie de dire que ça n’est pas de ton ressort.

    Judie soupira. Elle avait envie de bouder, comme une petite vieille aigrie. Après plusieurs minutes silencieuses, elle décida de casser ses habitudes. Mais un peu, fallait pas abuser.

    - Bon alors, un travail ?

    - Un travail.  Tu trouveras un smartphone dans le coin derrière toi. Tu ne peux t’en servir QUE pour trouver du travail. Entendu ?

    - Ouaiiis, ça va.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    Voilà qui était fait. Judie avait penché pour une carrière dans l’informatique, parce qu’elle savait que les jeunes adoraient ça et elle avait bien envie de comprendre pourquoi. Son premier jour était le surlendemain.

    Comme elle était fatiguée, ou surtout tellement déroutée que ça pesait trop dans sa tête, Judie décida de piquer un petit somme. Lorsqu’elle se réveilla, le soleil se couchait doucement. Elle se leva et râla de nouveau, parce qu’elle avait faim. Il y avait bien un grill dans ce qui lui servait de salon, mais pas de frigo, pas de glacière, rien en soi qui pouvait lui offrir de quoi cuisiner. Et puis il fallait dire que Judie n’avait jamais utilisé de grill de sa vie. A tous les coups, elle allait y mettre le feu.

    Elle se dit qu’elle faisait tout aussi bien de sortir, voir un peu s’il y avait des trucs à manger dehors. Bingo ! Elle tomba sur un espace public, et encore mieux : sur des plats que les passants avaient déjà préparé et laissé en plan. Quelle bonne odeur !

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    Judie mangea jusqu’à être pleine, mais vu toutes les portions restantes, elle se dit que c’était du gâchis. D’ici qu’elle ait de nouveau faim, tout allait être gâté. Au moins, son estomac était ravi.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    La seule chose qu’elle regretta sur le moment était l’absence de passants. Elle aimait sa solitude, certes, mais elle se sentait beaucoup trop isolée, surtout avec l’idée d’être prisonnière d’un jeu.

    - Tu ne regardes pas du bon côté.

    - C’t’à dire ?

    - Ben c’est-à-dire que si, il y a des gens ici. Mais derrière toi.

    - Ah ben si en plus faut les chercher…

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    A bien y regarder, Judie trouva des passants. Ce n’était pas bien compliqué, surtout qu’ils avaient un look assez spécial, les habitants de Janimju.

     

    Chapitre 1 - les tambours

     

    - Ouais ben pas question de faire copine copine avec elle, hein.

    Alors qu’elle entendit le jeu soupirer, Judie coucha sa tête sur la table en laissant ses yeux vagabonder sur le paysage du quartier. Peut-être qu’une larme voulut s’échapper. Mais non, ça n’était pas digne de Judie.

     

     


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  • Judie avait décidé d’être prévoyante. Elle se dit que si elle devait patienter jusqu’au lendemain pour retrouver des plats concoctés par les passants, il fallait qu’elle trouve quelque chose à se mettre sous la dent d’ici là. Alors elle fit le tour du voisinage et tomba sur des plants de champignons qui attendaient sagement d’être récoltés.

     

     

     

    Histoire de voir s’ils étaient effectivement mangeables, elle en goûta un. De toute façon, elle ne risquait pas grand-chose. Pouvait-elle mourir empoisonnée par de la nourriture dans le jeu ? Elle ne savait pas, mais imaginait que non.

    - Tu n’es pas dans un quartier du jeu qui te veut du mal.

    - Tiens dont ?

    - Ce sont les interdits qui sont durs, pas le quartier. C’est un joli quartier, grâce à toi.

    - Qu’il ait une bonne tronche parce que je vivais à Newcrest okay… mais il y a vraiment des endroits du Janimju qui sont « mauvais » ?

    - Parce que tout est un paradis sur Terre ?

    - Non.

    - Tu as ta réponse.

     

     

     

    Bon, ce n’était pas si terrible. Bien sûr, il était préférable de manger chaud et cuit, mais les champignons crus étaient bon en salade également. Judie n’avait qu’à imaginer un filet de vinaigrette parcourant sa gorge, et le tour était joué. De toute façon, elle n’avait pas bien le choix.

    Elle continua son chemin en prenant tous les champignons qu’elle pouvait trouver sur son passage. Au moins, ça lui faisait un petit stock. Elle rentra et les rangea dans un placard, avant de se demander ce qu’elle pouvait bien faire de ses journées. Certes, une petite vieille n’avait pas beaucoup d’activité à part regarder le temps passer, mais maintenant qu’elle était jeune à nouveau, elle ne savait pas quoi faire.

    - Travailler pour rapidement décrocher une promotion, peut-être ?

    Judie fit la moue. Elle n’avait plus travaillé depuis longtemps et l’idée de devoir se tuer à la tâche ne l’enchantait guère.

    - Te tuer à la tâche est une exagération. Si je ne m’abuse, tes premières consignes sont de jouer à des jeux vidéo.

    - Vraiment ?

    - Si tu avais fait attention à ce que le téléphone disait…

    Judie était rassurée. Elle n’avait pas encore vraiment à suer pour gagner des pépettes. Mais les jeux vidéo… en dehors de ScrabbleMania, elle n’y connaissait rien.

    - Va voir un peu sur l’ordinateur, il y en a de déjà installés.

    Judie n’y comprenait rien, mais elle réussit à en lancer un.

    - Et je peux noyer un bonhomme ou y’a des consignes aussi ?

    - Tu fais bien ce que tu veux, c’est juste un jeu.

    Juste un jeu… Judie avait envie de rire. Jaune, évidemment.

     

     

     

    Judie passe une bonne partie de sa journée à jouer. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle faisait ni l’intérêt qu’elle avait à le faire, mais elle s’était finalement amusée.

    Même si elle n’était pas très regardante sur l’hygiène, elle se sentait sale rien qu’à l’idée de ne pas avoir de douche à disposition. Alors elle se lava comme elle put au lavabo, histoire de se donner bonne conscience. C’était long, de se laver au lavabo.

     

     

     

    Concernant le lit, il y avait mieux. Judie passait d’un bon lit bien douillet dans lequel elle avait mis beaucoup d’économies, à une espèce de lit de camp aussi flashy que les vêtements des habitants de Janimju. Autant dire qu’elle redoutait très vite le mal de dos. Mais il fallait bien faire avec.

     

     

     

    Le lendemain, Judie vida sa réserve de champignons, parce qu’il n’y avait personne pour faire à manger sur le grill du coin. Elle avait mal au dos, et son estomac n’était pas si content de se régaler de champignons. Heureusement que les petits-coins étaient fonctionnels.

     

     

     

    Judie s’ennuyait.

    - Peut-être te faudrait-il trouver quelqu’un avec qui jouer ?

    - Une colocataire ?

    - Si tu as bien compté, il y a quatre pions. A moins que tu puisses faire des enfants avec une demoiselle, c’est un homme qu’il va te falloir trouver.

    - Un homme ?

    - Oui, tu sais ces petits êtres du sexe opposé.

    - …

    - On est d’accord.

    Alors Judie se mis en quête d’un homme. Le problème, c’est qu’elle n’avait jamais eu à séduire de sa vie. Elle avait toujours vécu seule et était très heureuse comme ça.

    - Comment je fais pour demander à un homme de vivre avec moi ?

    - Un peu de jugeote, ma vieille.

    - Je croyais que je n’étais plus vieille…

    - Tu as raison, au temps pour moi. Une jeunette doit savoir comment user de ses charmes, voyons.

    - Mouais.

    En tous cas, Judie n’était pas vraiment attirée par le genre de la maison. Elle essayait de les suivre pour voir s’il y avait un peu de charme en eux, mais sans grand succès.

    - Et s’ils sont tous moches ?

    - Ce n’est pas vraiment ce qui compte.

    - Ah…

    Comment vous dire, à part que ce n’était pas gagné ?

     

     

     


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  • La deuxième journée de répit de Judie se passa légèrement mieux que la première. Déjà parce qu’elle trouva de la nourriture dans l’espace public. Forcément, ça reboostait un peu le moral. En plus il s’agissait de fruits grillés, et Judie adorait les fruits. Elle aimait de bons plats caloriques faits maison de temps à autres, mais elle devait bien avouer qu’il n’y avait rien de mieux que quelques douceurs comme celles-ci.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Le second point positif de ce jour-là fut la présence de quelques habitants autour de cette tablée. Il ne fallait pas se méprendre : Judie aimait sa solitude et préférait passer un repas seule et tranquille plutôt que supporter les bavardages intempestifs d’inconnus barbants. Cependant, ce n’était plus vraiment sa vie comme elle l’avait connue, ni non plus le même tempérament qu’elle avait. Elle ne s’en rendait pas vraiment compte, mais son esprit s’adaptait petit à petit au nouvel âge de son corps. Judie ne savait pas réellement si elle était heureuse d’avoir un peu de compagnie ou non. Il fallait dire que son assiette était sur le moment, la chose la plus importante. Même si elle se rendait bien compte que les gens du coin étaient relativement étranges, au point même de fouiller dans les poubelles.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Elle remarqua également que ses comparses parlaient une langue qu’elle ne comprenait absolument pas. « Blblgrblabrreblgbl » était le son le plus représentatif de ce qui sortait de leur bouche.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    - C’est normal que j’capte rien ?

    - C’est la langue d’ici. Les habitants de Janimju peuvent parler ta langue mais que s’ils en ont envie. Certains sont très attachés à leur monde et n’aiment pas les visiteurs, ils ne feront donc pas d’effort.

    - C’est fun dis-moi.

    Judie regarda parler les inconnues pendant plusieurs minutes avant d’en avoir marre de ne rien comprendre.

    - … Bonjour ! Moi, c’est Judie !

    Elles la regardèrent comme si elle venait d’un autre monde. Oh attendez, elle venait bien d’un autre monde, en fait.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

    Se faire des amis n’était pas encore gagné. Peut-être aurait-elle plus de chance avec les hommes ? Pas encore en tous cas, car il était rare d’en voir passer autour de la maison. Du moins, rarement quand Judie perdait son temps à vagabonder dehors. Alors elle rentra pour se changer les idées, et décida de piquer une tête dans ce qui lui servait de piscine au sous-sol.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Bon, la taille de ladite piscine était loin d’être idéale mais au moins elle pouvait avoir la sensation d’être un peu plus propre. Même si un tour au lavabo était toujours inévitable. Judie se sentait seule, et une piscine dans un sous-sol était assez triste, mais ça changeait un peu des activités qu’elle avait eues depuis qu’elle était arrivée. Alors ça lui faisait un peu plaisir.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Et puis elle avait aussi la joie de retrouver un échiquier. Ça, elle adorait. Au moins elle pouvait se féliciter de titiller ses capacités mentales en étant jeune.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Après quoi, elle s’autorisa un petit somme. Elle n’était certes pas très bien installée, mais le canapé avait presque le mérite d’être plus confortable que son lit. Ou alors c’était juste une illusion à cause des courbatures.

    - Et les hommes ?

    - Quels hommes ?

    - Ceux que tu dois rencontrer.

    - Ah oui… ben faut dire que y’en n’a pas des masses.

    - Tu as passé beaucoup de temps dehors ?

    - …

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Judie exagérait. Il passait bien quelques habitants de sexe masculin assez régulièrement dans la journée. Le problème, c’était qu’aucun ne convenait vraiment.

    - Quels sont leurs soucis ?

    - Ben soit ils sont vraiment moches, soit déjà mariés, soit trop vieux pour moi.

    - Et ce rouquin-là ?

    - C’est bien le plus beau que j’aie croisé !

    - Mais ?

    - Trop vieux.

    - Ah.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Alors Judie rentra dépitée.

    - Et si je ne trouve pas ?

    - Attends un peu, tu n’es même pas là depuis une semaine.

    Judie avala quelques champignons pour se consoler. Elle ne savait pas si ce monde avait beaucoup d’habitants et se demandait si elle allait pouvoir trouver un compagnon de jeu.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    Vint le moment d’aller enfin à son premier jour de travail. Judie avait intérêt à assurer si elle voulait s’offrir une jolie vie, autant qu’on le puisse dans Janimju en tous cas. Mais elle était confiante, parce que c’était bien la première vraie activité à laquelle elle allait s’adonner ici.

     

    Chapitre 3 - les tambours

     

     

    - Alors ?

    - Alors, j’ai fait ce qu’on m’a demandé.

    - Tout s’est bien passé ?

    - Oui.

    - Bien ! Alors, tu crois que tu vas pouvoir trouver un homme maintenant ?

     

     

    Chapitre 3 - les tambours

     


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  • Judie semblait apprécier son travail. Du moins, jouer aux jeux vidéo était relativement simple et attrayant contrairement à ce qu’elle avait toujours pensé. Ou alors c’était simplement qu’avant, elle était trop vieille pour comprendre et apprécier.

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Alors qu’elle se rendait aux petits-coins, elle aperçut par la fenêtre… un homme. Grand, plutôt beau gosse, propre sur lui, apparemment jeune, bref, les critères de sélection avaient ce jour-là un plutôt bon karma. Le souci pour Judie c’est qu’elle était tout sauf habituée à ce genre de situation sociale. Oui, elle alla l’aborder au beau milieu de la route, et en pyjama.

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Le monsieur, plutôt poli, avait l’air tout excité qu’une étrangère habite le quartier. En voilà un qui acceptait de parler sa langue !

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Le problème, c’est qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle était supposée lui dire.

    - Un bonjour, comment ça va ?

    - Trop banal !

    - Comment veux-tu ouvrir la conversation autrement ?

    - Ben j’en sais rien, justement !

    Le pauvre la regardait se tordre dans tous les sens, de plus en plus perplexe.

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    - Vous êtes toute verte… vous ressemblez à une pomme.

    - C’est bon les pommes ! J’aime les pommes, j’en mange beaucoup. Enfin non, pas en ce moment, en ce moment je dois manger des champignons, j’ai pas le droit d’avoir plusieurs trucs, du coup les champignons c’est nourrissant, alors je reste sur les champignons. Même si bon, au bout d’un moment quand même, c’est pas top pour les intestins, je vous fais pas un dess…

    Judie s’arrêta en pleine phrase, se rendant compte qu’elle racontait réellement n’importe quoi. Quant au bel inconnu, il resta muet tellement la demoiselle était étrange.

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    - C’est malin, tu l’as fait fuir !

    - Mais non, il devait aller travailler ! Puis il m’a quand même dit au revoir. Il est gentil.

    - Ouais mais t’as quand même fait que des co.nneries.

    - Roooh ça va hein. Au moins j’suis rodée. Un peu…

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Ce matin-là, même si elle n’avait pas fait mouche avec le jeune homme, Judie partit au travail avec le sourire, plutôt confiante.

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Et pour cause ! Elle ramena une promotion. Un peu d’argent ne lui ferait pas de mal.

    - T’as plus qu’à te faire plaisir dimanche.

    - Pourquoi ça ?

    - Ah ben tiens, surprise. Tu verras bien.

    - Vachement rassurant.

     

    Chapitre 4 - les tambours 

    Elle ne savait pas si c’était le karma qui avait décidé de renverser la tendance, ou si le fait de parler de mauvaises choses lui avait donné la poisse, mais maintenant que Judie passait à l’étape supérieure professionnellement parlant, elle n’y comprenait plus rien. Allez expliquer la programmation à une ex-vieille-aigrie, vous comprendrez !

     

    Chapitre 4 - les tambours

     

    Ce qui lui valut d’écoper d’un bon mal de crâne en rentrant du travail, le lendemain.

    - Et alors, tu as croisé d’autres hommes ?

    - Non.

    - Et celui d’hier, tu l’as revu ?

    - Non plus.

    - Aïe aïe aïe…

     

     

    Chapitre 4 - les tambours

     


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